LaRevue - Arts, cultures et sociétés


LaRevue n°127


Éditorial

« La tâche presque insoluble à laquelle on se trouve confronté consiste à ne se laisser abêtir ni par le pouvoir des autres ni par sa propre impuissance. »
TH.W. Adorno (Minima Moralia §34)

« Avant de commencer cette brève histoire, je voudrais faire une observation d’ordre général — la marque d’une intelligence de premier plan est qu’elle est capable de se fixer sur deux idées contradictoires sans pour autant perdre la possibilité de fonctionner. On devrait par exemple pouvoir comprendre que les choses sont sans espoir, et cependant être décidé à les changer. »
F.S. Fitzgerald (La fêlure)

EXPOSER, S’EXPOSER

Patrick Dekeyser revient avec une vidéo à l’humour décapant dans laquelle il met en scène l’écart incommensurable entre dicible et visible, entre pensée et représentation, entre intention et action et il nous laisse au seuil de l’irreprésentable comme si nous n’étions, finalement, que les ventriloques du vide qui nous hante, comme tend à le montrer le texte de Jean-Louis Poitevin qui accompagne ces images.

Pour son exposition Moving Inside à la Galerie 8+4, Bernard Calet déploie un nouvel opus de son œuvre orienté vers les questions de l’image et de la représentation. Un texte de Damien Sausset présente sa démarche.

Aldo Caredda est au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris et Jean-Louis Poitevin accompagne son geste de déposition d’une symbolique offrande, d’un texte court.

Jean-Paul Gavard-Perret nous livre une approche sensible de l’œuvre de Pierre Molinier qui « entre caresse et plaisir ludique fait franchir à l’image une succession de seuils et d’étapes afin d’atteindre ce qui l’intéressait avant tout : un principe de féminité nocturne et première. »

Cherchant à échapper aux carcans du processus photographique, à prolonger l’acte au-delà du protocole de la prise de vue, transgressant les règles tant du point de vue du sujet que de la pratique, Alain Brendel utilise la photographie pour générer des univers qui paraissent s’éloigner du réel comme l’analyse avec précision Pascale Denis.

« À l’instar de Saint-Julien qui aidait à franchir le passage, à soigner les maladies, je cherche en tant qu’artiste à adoucir les maux, les mots » dit Virginie Rochetti au sujet de son exposition Fata Morgana qui se tient à l’espace Icare à Issy-les-Moulineaux.

AVANT ET APRÈS LE CINÉMA ET AUTRES EXPÉRIENCES

Bernard Gast revient, pour nous, sur son parcours de fabricant d’images générées par sa relation avec le cinéma. « Au milieu des années 90 naît la Peinture avec le Cinéma. Ce tournant artistique se produit avec la rencontre d’un collectionneur d’art & galeriste qui met un atelier à ma disposition à Paris, d’une amie qui m’offre une bobine de film avec laquelle je crée ma première "Matrice" transparente et réalise la première Peinture... avec le Cinéma... »

« Enfin le cinéma ! », exposition qui a eu lieu au Musée d’Orsay, offrait la possibilité de vivre et percevoir de nombreuses œuvres d’art sous un nouvel angle. Une jeune autrice, Suzanne Anger nous fait découvrir, par une analyse précise, la manière dont les spectacles qui existaient « avant » le cinéma ont permis de construire un regard, d’inventer le spectateur moderne.

Pablo Lemonnier a vécu au Japon. À la croisée de la fiction et du « reportage » — il est l’auteur du texte comme des images — il nous fait partager l’une de ses expériences au pays du soleil levant en nous permettant de déambuler avec ses deux personnages, Tori et Néon, dans le quartier Kabukicho. Odeurs sensuelles, alcool, débauche, l’errance qu’il nous conte a un goût de découverte initiatique.

TK-21 LaRevue, et ON-OFF Studio présentent Cité Gagarine 1961-2020 de Marie-Pierre Dieterlé. Ce livre-objet des Éditions Loco a permis de construire une exposition autour de l’évolution d’une cité qui n’existe plus, témoignant de la force des liens sociaux avec la sensibilité artistique d’une photographe engagée.

FIGURER L’INFIGURABLE

Pour la quatrième séance de son séminaire, enregistré et monté par Hervé Bernard, intitulé Faire des Dieux, Jean-Louis Poitevin nous entraîne dans les méandres de psychismes créateurs, celui du dessinateur, peintre et graveur, Hans Bellmer, à travers son livre Petite anatomie de l’image et celui de l’écrivain Francis Scott Fitzgerald, à travers la nouvelle La fêlure.

Stéphane Bougeot que nous publions dans le cadre de notre partenariat avec la revue Corridor Elephant nous entraîne dans une « errance poétique des contingences du vivant ».

« La cruauté du langage vient de ce que sans cesse il évoque sa mort sans pouvoir mourir jamais. » Cette phrase de Maurice Blanchot, permet à Franco Cipriano, artiste italien, de nous révéler sa conception d’un art hybride flirtant avec l’infigurable.

Fidèle à lui-même, Joël Roussiez nous dit, dans ce texte court, ce qu’il en est de l’écriture. Il remarque en effet « qu’en écrivant, il parcourt les malheurs et les joies de l’humanité. »

 


Photo de couverture : Bernard Gast_Que vous dire encore ? (2019)

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