mardi 29 octobre 2019
Hervé Rabotpar Hervé Rabot |
Voir en ligne : https://herverabot.fr
mardi 29 octobre 2019
Hervé Rabotpar Hervé Rabot |
lundi 1er mai 2017
Historique au rabotJe t’en ai voulu à jamais par Hervé Rabot |
mardi 31 mai 2016
Photographie au rabotRien n’est plus évident, ne se donne davantage pour la réalité qu’un buisson ou un corps. par François Michaud et Hervé Rabot |
mardi 27 janvier 2015
Le balancement des nuagesOn peut dire à l’aulne d’un Baschung que le monde de Catherine Noury fait la trêve. par Catherine Noury et Hervé Rabot |
mardi 27 mai 2014
LES PETITES TablesAux PETITES Tables d’Hervé Rabot, nappées d’expériences d’écritures et d’images, sont servies rencontres humaines & paysagères. La Lumière du Milieu est la première de 12 mises., C’est pas une Buse, la deuxième, Račišće fini la troisième. par Hervé Rabot |
lundi 28 avril 2014
LES PETITES Tables,C’est pas une buse. Hervé Rabot, avril 2014. par Hervé Rabot |
lundi 24 mars 2014
LES PETITES Tables,La Lumière du Milieu. Hervé Rabot, 25 janvier 2014 par Hervé Rabot |
dimanche 5 mai 2013
Les Petites Ostensions IV/IVje m’égare de mamers natif là coupé court là raie à gauche au long des voies ferrées par Hervé Rabot |
mercredi 1er mai 2013
Les Petites Ostensions III/IVpar Hervé Rabot |
jeudi 21 février 2013
Les Petites Ostensions II/IV— C’était le 11 janvier, n’est-ce pas ? La nuit où je suis né. — Oh Sal, tu devrais arrêter de m’interroger là-dessus. Ça s’est passé il y a si longtemps, ça n’a plus d’importance. — Pour moi, si, tante Clara. Et tu es la seule à pouvoir me le raconter. Tu comprends ? Tu es la seule, tante Clara. — Tu n’as pas besoin de crier. Je t’entends parfaitement, Salomon. Pas la peine de me bousculer ni de dire des gros mots. — Je ne te bouscule pas. J’essaie simplement de te poser une question. — Tu connais déjà la réponse. Elle m’a échappé il y a un instant, et maintenant je le regrette. — Tu ne dois pas le regretter. L’important, c’est de dire la vérité. Il n’y a rien de plus important. — C’est que ça paraît si… si… je ne veux pas que tu penses que j’invente. J’étais près d’elle dans sa chambre cette nuit là, vois-tu. Molly Sharp et moi, nous y étions toutes les deux, on attendait l’arrivée du docteur, et Elisabeth criait et se débattait si fort qu’il me semblait que la maison allait s’écrouler. — Que criait-elle ? — Des choses affreuses. Ça me rend malade d’y penser. — Raconte-moi, tante Clara. — Elle criait tout le temps : « Il essaie de me tuer. Il essaie de me tuer. Ne le laissons pas sortir. » — Elle parlait de moi ? — Oui, du bébé. Ne me demande pas comment elle savait qu’il s’agissait d’un garçon, mais c’est comme ça. Le moment approchait, et toujours pas de docteur. Molly et moi, nous tentions de la faire s’étendre sur son lit, de la cajoler pour qu’elle se mette en bonne position, mais elle refusait de coopérer. « Écarte les jambes, on lui disait, ça fera moins mal. » Mais Elisabeth ne voulait pas. Dieu sait où elle trouvait tant d’énergie. Elle nous échappait pour courir vers la porte, et répétait sans cesse ces hurlements terribles : « Il essaie de me tuer. Ne le laissons pas sortir. » Finalement, nous l’avons installé de force sur le lit, je devrais plutôt dire Molly, avec un petit peu d’aide de ma part — cette Molly Sharp était un bœuf — mais une fois-là, elle a refusé d’ouvrir les jambes. « Je ne le laisserai pas sortir, criait-elle. Je l’étoufferai d’abord là-dedans. Enfant monstre, enfant monstre. Je ne le laisserai pas sortir avant de l’avoir tué. » Nous avons voulu l’obliger à écarter les jambes, mais Elisabeth se dérobait, elle ruait et se débattait, tant et si bien que Molly s’est mise à la gifler — vlan, vlan, vlan ! aussi fort qu’elle pouvait — ce qui a mis Elisabeth dans une telle colère qu’après ça, elle n’a plus été capable que de hurler comme un bébé, le visage tout rouge, avec des cris perçants à réveiller les morts. — Bon Dieu. — De toute ma vie, je n’ai jamais rien vu de pire. — C’est pour ça que je voulais t’en parler. — Enfin, je suis tout de même sorti, n’est-ce-pas ? Paul AUSTER, 1989, Moon Palace, éditions Actes Sud, 1990 pour la traduction française, traduit de l’américain par Christine LE BOEUF. par Hervé Rabot |