Hors-Champ

Nous avons pensé la sélection des pièces, essentiellement du dessin, au crayon, fusain, feutre, stylo, pastel, mais aussi de la gravure et de la peinture, selon ce qu’elles portent en elles du hors-champ les unes des autres, comme une possibilité de réponse à une question non formulée ou comme une piste élaborant un jeu de cache-cache, un chemin mais aussi un inconscient, amenant à d’autres images ayant elles-mêmes leur point de fuite, leur manque ; en somme ce que les manques se répondent entre eux, comme un dialogue des solitudes, ce qui émerge d’entre elles, ce qui gratte, ce qui s’imprime, laisse des traces par ce qu’elles excluent mais aussi ce qu’elles gardent affectueusement en elles, c’est-à-dire un espace d’identification, des normes sociales à la contemplation isolée de la nature, la jouissance portant ces dernières, parfois morbide, parfois érotique, attentionnée au regard de l’autre (humain ou non) légitimé par son propre regard ; mais une jouissance aussi portée par son effacement, par la grimace de sa chair, l’essoufflement de la mémoire, le retour du trauma et de ce qu’il contient qui ne peut être énoncé ; en cela ce qui est hors-champ, dans sa dialectique, peut être nommé consolation, ou mieux encore une vitalité qui dans sa force invisible sous-tend ce qui tient debout, guide la main, esquisse la nouvelle image, le contour du nouveau dessin.

Stéphane Dupuis, « Urban pose »

Stylo sur papier, 120x80cm, 2021

Caroline Bouyer, « Haut fourneau HF3 », Arcelor Mittal, Dunkerque

Monotype, 76x56cm, 2013

Julien Spianti, « Aside »

Feutre et gel hydroalcoolique sur polyester, 30x40cm, 2020

Juliette Choné, « L’effroi »

Feutre sur impression de deux gravures à l’eau forte (une sur cuivre, une sur zinc), 30x57cm, 2021