Chus Martínez est un guitariste espagnol relativement obscur qui, à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix, jouait avec son conjunto des chansons mièvres easy listening, reprenant souvent des hits bien connus. Compte tenu de l’échec de Chus Martínez à conquérir la scène internationale, il peut être interprété comme un symbole de l’échec héroïque. Son nom a été spécialement sélectionné pour un projet de nouvelle identité multiple dans la tradition des Monty Cantsin, Karen Eliot et Luther Blissett. Chus Martínez a l’avantage d’être un patronyme qui pourrait être aussi bien celui d’un homme ou celui d’une femme. Le prénom Chus ne semble pas avoir de genre ce qui rend le pseudonyme collectif Chus Martínez supérieur à n’importe quelle identité multiple existant aujourd’hui à notre connaissance.
Chus Martínez est un nom qui fait référence à un être humain individuel qui peut être n’importe qui. Le nom est fixe, les personnes qui l’utilisent ne le sont pas. Le nom Chus Martínez peut être stratégiquement adopté pour une série d’actions, interventions, expositions, performances, textes, etc. Vous pouvez utiliser le nom de Chus Martínez si vous êtes impliqués dans la création artistique, la musique, ou si tout simplement vous voulez semer le trouble en tant qu’activiste. L’objectif d’avoir de nombreuses personnes différentes utilisant le même nom est de créer une situation où aucune personne en particulier n’est responsable et d’examiner pratiquement les notions philosophiques occidentales d’identité, d’individualité, d’originalité, de valeur et de vérité.
N’importe qui peut devenir Chus Martínez simplement en adoptant le nom. Quand on devient Chus Martínez on accepte l’existence précédente de Chus qui s’est constituée par les actes que d’autres personnes ont entrepris en utilisant ce nom. Quand on devient Chus Martínez on n’a pas de famille, pas de parents, pas de naissance. Chus Martínez n’est pas né(e), il/elle a été matérialisé(e) par des forces sociales, construit(e) comme un moyen pour entrer dans le terrain mouvant de ce qui circonscrit « l’individu » et la société. Chus Martínez est un(e) fantôme transsexuel(le) collectif(e).