samedi 3 août 2019

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Victoria Klotz à Figeac

Je veux être le nouveau souffle avant la tempête

, Pascal Pique et Victoria Klotz

L’art de Victoria Klotz milite pour la restauration d’un rapport symbiotique à la nature et au monde, pour remplacer le rapport de gouvernance dirigé par l’abstraction des chiffres et d’une certaine économie devenue obsolète.

Son travail engage à une relation plus respectueuse à notre environnement, aux éléments naturels et au vivant, l’humain y compris, pour en retrouver l’accès. Notamment en contexte urbain, dans des situations de parcs et de jardins, où elle réalise des installations peuplées de sculptures d’animaux. Ces œuvres sont dédiées aux hommes en tant qu’animaux parmi les animaux. Victoria Klotz vit une relation profonde et intime à la nature avec laquelle elle entre en résonance, étant elle-même « chasseresse cueilleuse ». Elle nous propose de réinvestir cette expérience qu’elle transmet à travers ses sculptures, ses images ou ses installations sonores : « Je cherche à restaurer une communauté de sensations entre nous et les bêtes » dit-elle. Quitte à révéler la part sauvage de notre humanité.

Victoria Klotz, Blesswild, 2011
Installation dans les salons du collège du Puy, Figeac, pour In situ 2019

Pascal Pique : Votre art est peuplé de figures animales. Des animaux qui parlent aux hommes, et leur disent certaines choses, comme dans les fables de La Fontaine. S’il fallait trouver un titre de fable au triptyque que vous avez conçu pour Figeac quel serait-il ? L’ours, le cerf et le chimpanzé ?

Victoria Klotz : La fable n’est pas vraiment une forme que j’affectionne. Je ne revendique pas de récit qui héroïse l’animal. Si je mets en scène des figures animales ce n’est pas pour leur faire revêtir des rôles humains. Les animaux ne parlent pas, ils existent dans autre chose que le langage. C’est ce qui fait que leur altérité est si fascinante. Les animaux ne parlent pas aux hommes. Mais les hommes en regardant les animaux vivre, cela leur parle... Voilà, ce qui m’intéresse c’est la présence animale. Notre présence animale. S’il y avait un titre global à donner ce serait sans doute celui de l’œuvre de la terrasse : Je veux être le nouveau souffle avant la tempête. Le Je de cette phrase c’est le singe qui est en nous, l’ours qui est en nous, le cerf qui est en nous. Dans ces trois propositions, il est question de menace et de courage pour inventer quelque chose de nouveau.

PP : Votre proposition s’articule sur deux sites et trois sculptures. D’une part les terrasses du Puy, en contrebas de l’église du même nom qui surplombe la ville, avec une grande composition extérieure. D’autre part les salons de l’ancien séminaire du collège du Puy, avec deux œuvres qui font écho aux magnifiques décors peints de la fin du XVIIe siècle. Comment avez-vous choisi les deux sculptures avec le chimpanzé et le cerf ?

VK : Dans les salons je me suis laissé guider par les peintures murales : Les scènes champêtres, les scènes de guerre et les scènes religieuses. Ce sont trois niveaux de réalité de la vie au XVIIe. La vie pastorale dans une société majoritairement rurale, la religion qui était constitutive pour tous, et le théâtre des guerres. La guerre est toujours notre paysage, notre imaginaire est colonisé par la rhétorique militaire. La guerre s’est déplacée, dans le lointain, mais aussi à d’autres niveaux de réalité, comme dans l’industrie. Au sujet de la première œuvre, le chimpanzé est endormi assis sur un tas de casques de chantier recouverts de filets de camouflage utilisés dans l’armée. Je l’ai choisie car elle nous parle de l’industrie en tant que processus guerrier. Quant au cerf, il s’agit d’un jeune cerf albinos d’un type très rare qu’on appelle Blesswild (sauvage béni). Il est en position couchée et semble écouter une radio posée au sol qui diffuse « le ravissement des loups », une création sonore qui mixe un air d’Offenbach avec le chant d’une meute de loups. Cette œuvre prend place dans une chambre où les peintures murales représentent des scènes forestières légèrement fabuleuses.

Victoria Klotz, Sans titre, 2011
Installation dans les salons du collège du Puy, Figeac, pour In situ 2019

PP : La seconde proposition est une nouvelle création à partir d’une sculpture d’ours polaire qui est associée à des lances et à d’autres éléments industriels. L’ensemble fonctionne comme une sorte de monument. Mais aussi comme un rébus. Pouvez-vous nous aider à le décrypter ?

VK : Il y a une grosse caisse de transport en bois. Comme celles qui voyagent les gros objets industriels. Sur cette caisse, il y a une signalétique. Dont le titre de l’exposition : « je veux être le nouveau souffle avant la tempête ». Au sommet de cette caisse il y a la sculpture d’un ours polaire debout. Il tient au creux de ses pattes antérieures une hélice en bois de petit avion. Cet ours se présente là debout devant une série de lances de guerre érigées verticalement qui forment une sorte de rempart. Ces lances sont recouvertes en partie d’une peinture thermo chromique : c’est-à-dire qu’elles changent de couleur en fonction de la température ambiante. Nous devrions donc les voir évoluer si les températures estivales de 2019 s’approchent de la canicule... On a donc un ours polaire qui est l‘animal emblématique du changement climatique qui voit son territoire fondre et disparaître. Les lances ce sont la rhétorique de la guerre qu’il faut mener contre le capitalisme prédateur responsable de cette situation. La caisse de transport en bois c’est le symbole de la mondialisation, avec ce monde ouvert aux échanges commerciaux intensifs. L’horizon que l’on nous a promis comme étant désirable. L’hélice, c’est d’une part l’imaginaire des transports et l’ère de la puissance que nous ont conféré les énergies fossiles. Je vois ce monument comme un objet de prospective : c’est le monument qui sera érigé dans le futur, quand nous n’aurons plus de pétrole, plus d’avions, plus d’ours polaire, plus d’agriculture destructrice, etc.

PP : Le titre de l’œuvre avec l’ours polaire, « Je veux être le nouveau souffle après la tempête » est un slogan de l’armée française. Ce geste n’est pas anodin. C’est un hommage critique ?

VK : C’est un slogan que l’armée française utilise actuellement pour sa campagne de recrutement. Je l’ai croisé sur un panneau d’affichage lors d’une manifestation des « gilets jaunes ». On y voit une jeune femme sympathique, tout sourire que l’on imagine dans un paysage du Moyen-Orient. Cette phrase élude la réalité de la tempête (la guerre) et nous conduit à songer à la reconstruction. Voilà comment fonctionne notre monde : des forces ultra guerrières détruisent pour ensuite reconstruire et gagner quelques points de P.I.B. Je trouve que cette phrase est très belle. J’ai donc décidé de me l’approprier pour parler de comment reconstruire le monde face à la crise climatique, écologique et énergétique. Il est donc plus adéquat de dire : « Je veux être le nouveau souffle avant la tempête ». Car la guerre est là, nous sommes dans les prémices d’un effondrement : les élites ont déclaré la guerre aux peuples, la biodiversité s’effondre, le climat change, les sols sont appauvris, pollués. Le moment est venu d’une entrée en guerre...

PP : Pour ma part je vois dans cette composition une sorte de pietà contemporaine. Dans le sens où je perçois une dimension compassionnelle. L’humain est habitué à nourrir de bons sentiments pour ses animaux, notamment domestiques qui n’ont jamais été aussi nombreux dans nos villes et nos campagnes. Ceci alors que l’on assiste à une destruction massive des espèces. On parle même de la sixième extinction et de défaunation massive. Selon vous quel type de relationnel pourrions-nous établir avec les animaux en particulier et la nature en général ? Est-ce que la question n’est pas avant tout culturelle ?

VK : Notre relation avec les animaux a tellement été distendue, séparée, que l’on a besoin de créer de multiples présences animales, notamment domestiques, pour compenser cette perte. Mais cela ne compense pas vraiment parce que c’est du domestique et non du sauvage. Et que la qualité véritable d’un animal c’est d’être fuyant, invisible, insaisissable. Cette nature animale nous concerne aussi. Nous sommes nous-mêmes des animaux, mais cette réalité nous est fuyante et insaisissable. Il y a quelque chose à l’intérieur de nous à laquelle on n’arrive pas à accéder. Je ne crois pas qu’il y ait une guerre qui soit menée contre les animaux. La guerre qui est menée c’est à l’encontre des milieux où ils vivent. Et ils en subissent les conséquences. En effet 60% des vertébrés ont disparu depuis les années 70, les insectes meurent huit fois plus que les mammifères, le nombre d’oiseaux, les abeilles sont malades, etc. Les dégâts sont considérables mais curieusement je ne suis pas hyper inquiète. Je crois que le règne animal à une capacité de résilience supérieure à celle de l’homme. Face à la menace l’animal se met en mouvement. Alors que nous les humains avons perdu cette capacité de réagir face au péril. Concernant le type de relationnel qu’il conviendrait de restaurer, je pense que dans une perspective darwinienne il faudrait d’abord repenser à l’entraide. Et forcément l’amitié. Avec une relation qui serait de l’ordre du don et du contre-don entre les animaux et nous, ou entre la nature et nous. Il est capital d’être dans un rapport d’échange où l’on pense toujours à donner en compensation de ce que l’on prend.

PP : Vous dites que vos œuvres sont « dédiées aux hommes en tant qu’animaux parmi les animaux ». Mais que disent-elles aux hommes plus précisément ? Et aux animaux ?

VK : Mes œuvres parlent aux hommes de leur part animale qu’il faudrait entendre. Elles parlent aussi de leur présence au monde. Mes œuvres dans l’espace public avec les figures animales, Les Sentinelles ou Les hôtes du logis, montrent des présences animales qui nous renvoient à notre propre présence au monde en tant qu’animal humanoïde. Ces animaux y sont à la fois dans une posture de présence mais aussi d’observateurs. C’est-à-dire que les animaux observent les humains. Il y a un retournement du regard. Le spectateur se vit comme étant regardé. Ce qui trouble la pulsion scopique dans laquelle nous sommes avec les animaux : on aime aller les voir, dans les zoos, dans les safaris, etc. Notre culture occidentale s’est construite dans ce rapport au regard sur la nature. Le regard est une rencontre, un échange : il faut se dire que la nature nous regarde aussi !

Victoria Klotz, Je veux être le nouveau souffle avant la tempête, 2019
Création pour In Situ Figeac, technique mixte, 650 x 400 x 300 cm

PP : Cette proposition avec l’ours est très forte. Elle fera date dans la famille des œuvres engagées pour la cause climatique, la biodiversité et une nouvelle culture de l’environnement. Une famille encore assez restreinte à laquelle vous participez depuis longtemps avec d’autres artistes comme Erik Samakh, Art Orienté Objet, Mark Dion, etc. Mais il n’est pas si facile de travailler sur ces questions ? Quelles difficultés rencontrez-vous ?

VK : Les difficultés rencontrées viennent le plus souvent de la part des commanditaires notamment quand on est dans l’espace public. Il y a souvent une résistance de la part de nos décideurs et de nos politiques envers les sujets qui parlent de collapse. Les politiques veulent absolument instaurer une zone de cécité à cet endroit, alors qu’ils en sont conscients ! Ils doivent se dire que c’est trop anxiogène et qu’il ne faut pas faire paniquer la population. Ils n’ont pas non plus forcément les outils pour affronter la situation. Ni parfois même le courage. J’ai perdu un bon nombre de projets pour ces raisons car on entre dans une zone qui n’est pas confortable. Ce n’est pas toujours évident au niveau du public non plus. C’est peut-être pourquoi il y a une forme d’autocensure dans la scène artistique. Pourtant il y a beaucoup d’artistes conscients que l’on est dans un basculement et que l’on ne pourra pas continuer notre activité de la même manière d’ici dix ou quinze ans. La scène artistique doit elle aussi faire sa transition écologique. Mais on continue de fonctionner comme si de rien n’était, ou presque, alors que nous sommes déjà dans la chute.

PP : Tout votre art s’établit sur une véritable relation avec la nature. Une relation immersive et en quelque sorte fusionnelle. La légende dit même que vous chassez à l’arc. Vous vous définissez d’ailleurs comme « chasseresse cueilleuse ». Que voulez-vous dire plus exactement ?

VK : À l’âge de trente ans j’ai découvert que je me déplaçais dans le monde comme une chasseresse cueilleuse. Je pense que cela a à voir avec le contexte actuel du métier d’artiste, où comme beaucoup d’autres, je suis dans un mode nomade et une logique d’opportunité. Dans ma manière de bouger aussi. J’ai toujours bougé comme un chasseur. C’est-à-dire sans se faire voir, dans l’attitude d’être à l’affût ou en approche. Être chasseresse cueilleuse, c’est également l’apprentissage d’une lecture du monde. Apprendre à lire et à remonter une piste c’est une gymnastique du regard : il s’agit d’acérer son regard, d’affiner sa perception, et d’atteindre des niveaux de réalité qui seraient inaccessibles sans cela. Dans la brousse, un pisteur peut par exemple distinguer des dizaines de nuances de jaune que nous ne voyons pas.

Pygmees Baka Cameroun

PP : Vous êtes donc artiste, chasseuse-cueilleuse, mais aussi cultivatrice, ce qui n’est pas commun dans le monde de l’art contemporain. Est-ce que cela fait partie de votre projet artistique qui milite pour la mise en place d’alternatives à certains de nos modes de fonctionnements ?

VK : Cultiver son jardin fait partie des choses fondamentales qu’il faut apprendre pour bâtir une vie au même titre que construire sa maison, chasser et pêcher. J’ai vraiment appris à chasser à l’âge de 30 ans. À cultiver à partir de 45. L’apprentissage de l’agriculture est aussi une forme de réconciliation. J’ai grandi dans un contexte paysan et ce que j’ai vu de cette culture paysanne m’en a beaucoup éloigné. C’est aussi pour cela que j’ai choisi le parti du chasseur cueilleur. Le monde paysan est le berceau du capitalisme : à partir du moment où l’on a du foin à engranger, du grain à conserver, des animaux à échanger et des terres à défendre on entre dans un rapport capitaliste au monde. Le pire étant les terres à défendre. C’est à cet endroit que la mentalité paysanne est la plus terrible… Et aussi dans la destruction des sols par épuisement de rendement ! Il est urgent d’apprendre à être paysan d’une manière qui soit moins prédatrice. Les pratiques agricoles ont abîmé la terre aussi violemment que l’industrie. Personnellement j’ai choisi de réapprendre par le biais de la permaculture. J’apprends à cultiver la terre à partir d’un système circulaire permanent qui vise à redonner à la terre autant que ce qu’elle donne. Ce sont des principes d’équivalence et de symétrie.

PP : Vous avez une autre particularité, c’est votre engagement sociétal et politique, pas si commun non plus dans le monde de l’art contemporain. Notamment au regard du mouvement social des « gilets jaunes ». Est-il aisé de concilier ce type d’engagement avec une pratique artistique ?

VK : J’ai regretté et je regrette toujours que les artistes ne se soient pas plus mobilisés pour participer au mouvement des « gilets jaunes ». C’est pourquoi j’ai insufflé une tribune intitulée « Artistes Citoyens-nes parmi les Citoyens-nes » qui a recueilli plus de 4000 signatures. Elle a été publiée dans l’Humanité, mais cela n’a pas changé grand chose quant à la participation des artistes à ce mouvement. Même si j’ai observé une évolution dans leur regard qui est beaucoup plus compréhensif qu’au départ. Quant au milieu artistique institutionnel je n’ai pas vu un seul exemple d’une institution ayant fait quelque chose, accueilli un événement « gilets jaunes » par exemple. Hormis à Paris, l’institution artistique est restée complètement hermétique. Pour autant, il n’y a pas de contrainte du milieu artistique qui fait qu’il serait dommageable d’être engagé dans un mouvement politique ou d’insurrection populaire. On peut alors se demander pourquoi les artistes ne se sont pas engagés dans un mouvement de révolte populaire ? C’est parce que les artistes se vivent comme faisant partie de la classe bourgeoise. Ils sont tellement proches de la bourgeoisie qu’ils en partagent les valeurs et défendent ses intérêts. Pourtant il serait aussi logique que les artistes soient aux côtés des travailleurs, puisque nous sommes des travailleurs ! Nous partageons une même précarité et par moments des conditions de vie économique largement inconfortables. Nous sommes par essence transversaux : profession à la fois manuelle et intellectuelle, cela nous permet de naviguer dans les deux mondes. Bon, cela dit, les « gilets jaunes » n’ont pas eu besoin des artistes pour investir les ronds-points avec leurs installations !

Action des gilets jaunes des Hautes-Pyrénées à Bagnères-de-Bigorre pendant le passage du Tour de France 2019

PP : Certaines de vos œuvres sont particulièrement conçues pour des contextes urbains en manque de véritable nature. Est-ce qu’on peut les voir comme des phénomènes compensatoires ? Selon vous est-ce qu’une œuvre qui dénonce peut aussi soigner et guérir ?

VK : Je ne revendique pas du tout d’être dans un phénomène compensatoire. Saupoudrer un peu de nature en ville n’est pas mon propos. J’espère plutôt que mes œuvres amènent les gens à quitter la ville qui est un univers concentrationnaire. Si je fais des œuvres en contexte urbain c’est que l’on est dans une civilisation où la culture repose sur des valeurs urbaines, c’est donc en ville que la matrice s’élabore. À choisir, je préfère réaliser des œuvres champêtres dans un espace rural. Et même faire des choses qui cohabitent avec des animaux. Par contre soin et guérison oui ! Idéalement il faudrait qu’une œuvre soit dans le soin. C’est peut-être en cela que l’on peut voir l’acte artistique comme un acte magique, car il peut permettre la guérison.

Insecticides et barbelés

PP : Pour reprendre René Girard et Saint Matthieu qu’il cite à travers Les choses cachées depuis la fondation du monde, il y a les cultures de l’Invisible, qui entretiennent un rapport à la nature dont certains penseurs contemporains s’inspirent. Selon eux les cultures de l’Invisible pourraient nous aider à renouveler certains aspects de la pensée occidentale devenus obsolètes. Notamment dans le rapport aux éléments et à la nature qu’elles établissent à partir de véritables connexions. Dans certaines de vos œuvres récentes vous êtes allée sur ces terrains. Qu’en avez-vous rapporté ?

VK : Je pense que l’on en fait des tonnes avec les cultures de l’invisible. J’ai la sensation que c’est dû au fait que le mode vie urbain a engendré une trop forte perte de repères pour la plupart des gens à travers cette fameuse séparation ontologique avec la nature. Je pense que tout ce renouveau pour les spiritualités est justement un phénomène compensatoire. Dans les œuvres que j’ai faites qui sont des objets de désensorcellement, mon positionnement est beaucoup plus distant. Il est de l’ordre de l’humour et d’un geste politique parce qu’il s’agit de désensorceler les paysans de l’agro-industrie. C’est pour cela par exemple que je réalise des figurines ou que j’emprunte au lexique de la modernité agricole en lui appliquant des gestes traditionnels qui appartiennent au monde de la magie. Parce que j’assimile le néo-libéralisme à une forme de religion. Les paysans comme les autres ont été sidérés et terrassés par les logiques de croissance. Nous sommes ensorcelés par les logiques capitalistes et nous ne trouvons pas le bon désensorceleur pour en sortir.

Tracteur

IN SITU Patrimoine et art contemporain - 2019

Les Salons du Collège du Puy — Figac
Les Terrasses du Puy — Figeac
Du 15 juilet au 18 août
Du mercredi au dimanche ― De 10h à 12h30 et de 14h à 18h30

https://patrimoineetartcontemporain.com/

Illustration couverture : Victoria Klotz, Je veux être le nouveau souffle avant la tempête, 2019, Création pour In Situ Figeac, technique mixte, 650 x 400 x 300 cm