samedi 31 mars 2018

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Fuse

duo danse dessin

, Denis Tricot et Gilles Viandier

Le dessin et la danse, ensemble, fabriquent un spectacle à vue du public
le dessin sur table sonore et le souffle de la danse font la musique
il y a aussi caméras et vidéoprojecteurs
la danse rencontre le dessin dans la projection, joue avec le dedans et le dehors de cette fraction d’espace envahie par les traits, les taches, la couleur
la peau s’offre en écran, crée de multiples plans entre réel et projeté
la peau invente ses ombres
trouble de la sensation
dialogue avec le lieu de représentation qui se remplit jusqu’à déborder de corps et de dessin et devient cadre pour l’action.

Photo Daniel Petit

Observer les lignes se courber et en réaction dés-aligner les segments du corps, sentir le frottement du pastel sur le papier et sur la peau, transcrire ce contact sonore à l’espace... Voir le dessin surgir de l’énergie des mains métamorphosant la page blanche et offrir du volume et de la chair à ce palimpseste incessant qui brouille les premiers traits...

Depuis Le Mystère Picasso de Henri-Georges Clouzot (1956) captant le dessin du grand maître en train de se faire, jusqu’à la performance collective Human Writes de William Forsythe, pour 45 danseurs essayant chacun sur sa table de tracer par des contraintes auto-imposées des fragments de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme dans sa langue, la fascination pour le dessin en train d’être composé et des gestes qu’il engendre nous fait plonger dans les arcanes de la création.

Photos Sam Simpson

Ici avec FUSE (fusain - fuser - fusion - frémissement...), la tension provoquée par le son amplifié des graphites sur le papier génère un temps dilaté pour le mouvement, et la projection frontale ou diffractée de la page sur les parois de l’espace joue avec l’ombre et le volume du corps, dansé par les traits.

En résonance aux points et lignes de Kandinsky [1], surgissent en gros plan l’ondulation des muscles, plis, poils, cheveux, rides, courbes de la colonne, agencements musculaires, expressivité infinie de la main, jeu sur les surfaces, tatouages libres et mouvants, troubles des contrastes dans la lumière, accent du fusain qui fait tressaillir, lignes accumulées qui complexifient le plan, sanguines qui scrutent la peau, encres colorées en écho aux fluides corporels... la panoplie de Wassily réinventée dans l’action performative et la complicité du duo avec Denis Tricot, reliées par une longue pratiques des courbes sonores et des vibrations plastiques.

Gilles Viandier, Fév. 2018

Denis Tricot 007 from TK-21 on Vimeo.

Notes

[1W. Kandinsky, Point et ligne sur plan, 1926