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À col perdu
Note sur le travail de Floryan Varennes
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Habitées de visions en noir et blanc qu’il décline en objets singuliers, installations paradoxales, vêtements, objets, dispositifs, dessins au stylo, les œuvres de Floryan Varennes disent sur le mode de la bienséance, une méditation forcenée sur la violence faite au corps de toute éternité.
Chacun est corps et chaque corps est ce mixte singulier de tête et de jambes que recouvrent des vêtements dont la chemise et la veste pour les hommes sont aujourd’hui l’emblème. À partir de ce fond, de vêtements et textiles issus du monde médical et des matériaux qu’on y utilise, un monde qui parle en lui la langue de la mère, Floryan Varennes déploie un univers dans lequel les fantasmes réduits à leur plus simple expression s’incarnent dans des œuvres saisissantes.
Ici l’apparente banalité des objets est complètement métamorphosée par leur traitement. Il les agrandit, les démultiplie, les étire, leur adjoint perles, franges ou épingles, chaque fois pour leur faire joindre les bords du rêve. La violence douce et implacable du jeu social, des contraintes habituelles à travers lesquelles survivent des rites plus anciens qui transparaissent encore dans ces situations quotidiennes, constitue le véritable sujet de son travail.
Il y a un lien entre col et tête absente, celui du geste de la décapitation. Il y a, dans cette mise en scène évoquant la séparation du chef du reste du corps, un regard acide sur le rôle des parures qui est au cœur de la mode. Mettre un col, c’est accepter la séparation entre maître et esclave, entre lieu du pouvoir et peuple soumis. C’est aussi mettre le doigt sur ce que la théorie du genre nous apprend concernant les formes infra-minces de l’oppression.
Nourri de légendes, d’histoire du Moyen Âge, de gender studies et de lectures sur la symbolique occidentale, Floryan Varennes s’avance par son travail minutieux se déployant au gré d’une lenteur immémoriale sur le chemin ardu de la question de la signification. Rien, au fond, ne dit ce qu’il signifie vraiment, ni les mots, ni les objets, ni les situations, ni les symboles. Ce n’est qu’en conjuguant la multiplicité des références explicites et implicites, individuelles et culturelles que l’on peut parvenir à faire naître à travers une œuvre, cet éclat de lumière violente dans l’esprit d’autrui qui est une sorte de révélation.
Le symbole, le cercle du col par exemple, n’évoque pas seulement le cou, la tête et la mort. Il met en scène d’une manière à la fois littérale et métaphorique l’existence autour du « chef » absent d’une auréole, d’un nimbe, d’une présence du divin dans les parages du corps. Alors on comprend que ces cols ne disent pas le masculin contre le féminin mais la coappartenance des deux dans le « soleil cou coupé » selon la formule magique d’Apollinaire.
L’élégance de ses œuvres, comme celle des grands dessins minutieux et obsessionnels qui pour lui ne signifient rien mais évoquent, malgré tout, l’infini, la trouée du soleil dans le ciel inaccessible, ou des formes archétypales géométriques et surtout la structure même de ce cerveau qui habite notre tête comme un prisonnier sa geôle, se développe comme un pont à multiples arches enjambant les siècles. En lui se rapprochent les pratiques lancinantes des copistes et les sirènes de la mode, le monde des symboles et celui des genres. Entre mythologie personnelle, références culturelles et quête ontologique, Floryan Varennes décline la parure comme un au-delà de nos peurs et confère à ses visions presque d’apocalypse un caractère partageable.
Mediterranea 17 au Château de Servières à Marseille du 5 mai au 2 juillet.
http://chateaudeservieres.org/project/retour-de-biennale-mediterranea-17/
Visions Portées au Musée d’art contemporain Arteum à Châteauneuf-le-Rouge du 30 avril au 2 juillet.
http://s451049967.onlinehome.fr/macArteum/
Biennale de la jeune création 2016 au centre d’art de La Grainterie à Houilles du 2 avril au 28 mai.
http://lagraineterie.ville-houilles.fr/Exposition-Biennale/Biennale-de-la-jeune-creation/Biennale-de-la-jeune-creation-2016
Quand la matière devient forme au Centre d’art contemporain de Istres du 7 mars au 1er juillet.
http://www.ouestprovence.fr/fileadmin/Internet/Actus/2016/poparts/POPARTs_programme_2016_part_2_v6-metro_web.pdf