mercredi 1er novembre 2023

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« T(h)races » : retour sans fard chez les Bulgares

, Vladimir Vasilev

Né en Bulgarie et exilé en France, Vladimir Vasilev pose sur son pays d’origine son regard de citoyen bulgare et de citoyen européen.

En janvier 2007, la Bulgarie entre dans l’Union Européenne. Un vieux rêve se réalise. Néanmoins, quarante-cinq années de communisme ont marqué le pays durablement : le passé est omniprésent et semble empêcher tout avenir, il faut réinventer le futur en jonglant avec les nombreuses incertitudes et absurdités dont il est porteur.

Aujourd’hui, le temps semble s’être arrêté. La nostalgie du passé s’engouffre dans le vide laissé, les désirs sont surréalistes. La pauvreté actuelle et l’espoir d’un avenir prospère se côtoient ainsi de façon anecdotique et se mélangent dans le paysage bulgare. Comme dans une fiction, la réalité reste trompeuse. La frontière entre réel et imaginaire disparaît-elle sous nos yeux ?

L’idée du projet « T(h)races », travail documentaire sur la Bulgarie, n’a commencé qu’après avoir quitté mon pays. T(h)races signifie à la fois une ancienne civilisation vivant sur les terres bulgares et les traces du passé. Que reste-t-il aujourd’hui de la Bulgarie ? Depuis plus de quinze ans, je photographie en couleur les mutations rapides et brutales d’un pays que j’ai du mal à reconnaître. À chacun de mes voyages je retrouve ce chaos propre à la Bulgarie, incessant et incompréhensible. Ces changements témoignent du temps passé — depuis la chute de l’URSS — jusqu’à l’entrée de la Bulgarie dans l’Union Européenne. Partagé entre l’Occident incarné par l’Europe et les États-Unis (qui abreuvent le pays d’images via la télévision et la publicité) et les stigmates de 45 ans de dictature communiste, le pays est à un carrefour.

Ce projet est personnel, ces gens qui peuplent les images peuvent être autant ma famille, mes voisins, les amis de mes amis, que des inconnus. Je raconte ce pays à la fois en tant que citoyen bulgare et citoyen européen. Cette double culture est le défi de la nouvelle Bulgarie qui tente de se frayer un chemin hors des balises du passé, dans le sillon d’une Europe occidentale, tout en essayant de préserver son identité.
Les traces du passé laissent-elles le peuple thrace dans une impasse ?

Voir en ligne : https://vladimirvasilev.com

Vladimir Vasilev est lauréat du prix de la Quinzaine Photographique Nantaise 2023 pour son projet « T(h)races ». Ses photographies sont exposées pendant le festival QPN à L’Atelier (1 rue de Chateaubriand - Nantes) jusqu’au dimanche 19 novembre 2023. https://www.festival-qpn.com/