dimanche 28 janvier 2018

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Ces trois vidéos ont été réalisées par Stéphane Mortier dans le cadre de son projet sans fin Quotidien d’atelier, dans les ateliers de Christophe Baltimore, Olivier Kervern, Sébastien Le Guen et Roberto Cont.

Lorsque l’on peut accéder à la vie secrète d’un atelier d’artiste, un peu à la manière dont on regarde par le trou de la serrure, on découvre quelque chose que l’on peut appeler l’envers, l’envers de l’œuvre, l’envers de l’existence, l’envers des gestes qui la composent.
Car lorsque l’on regarde une œuvre, certes on voit quelque chose mais le comment de sa réalisation nous est inconnu et on ne peut que l’imaginer, le fantasmer, le sacraliser, le diviniser. Les mots sont forts parce que, qu’on le veuille ou non, c’est cela qui fait que notre esprit, en proie au besoin de comprendre, accomplit en nous, pour nous, malgré nous.
On imagine, on rêve, on évalue à la hauteur de notre attente l’immensité de la réalisation.
Et pourtant, il n’en est rien. Le comment est par essence prosaïque, enchâssé dans le quotidien, l’expression d’extase peut-être, mais à travers des gestes simples, banals, inusables, des gestes que chacun peut accomplir, identiques ou presque.
Et c’est alors que vient à l’esprit justement ce qui constitue le « secret » de toute œuvre, à savoir qu’elle doit exister d’une manière ou d’une autre dans l’esprit de l’artiste pour advenir dans le monde concret des formes et que ce qu’il y a dans cet esprit au moment de la création nous ne le saurons jamais. Nous ne pourrons qu’en goûter les manifestations qui sont éternellement les cadavres des batailles homériques qui se livrent en nous, que nous ayons les yeux ouverts ou fermés et que nous rêvions.
L’autre face de l’art, ce qui est vu par le petit trou de la serrure, et qui est réellement de l’art, est aussi, inévitablement du « non art », quelque chose qui se passe entre la poire et le fromage de la vie et dont on n’arrive pas à déterminer le goût.
Ce qui est certain, c’est que cet espace interstitiel est infranchissable et qu’il agit à la manière d’un gouffre.
Voir travailler Christophe Baltimore, Olivier Kervern, Sébastien Le Guen et Roberto Cont c’est s’approcher au plus près de ce gouffre.

#24 Roberto CONT from TK-21 on Vimeo.

#23 Sébastien Le Guen from TK-21 on Vimeo.

#22 Olivier Kervern from TK-21 on Vimeo.

#21 Christophe baltimore from TK-21 on Vimeo.