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L’artiste et le modèle
Œuvres choisies, années 1990-2000
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Le modèle prend place, vêtu ou nu, parfois accompagné de ses objets fétiches ou favoris, il s’installe dans l’espace et se l’approprie. Au milieu de la pièce, au sol, entre le modèle et la peintre, une surface vierge est prête à recevoir formes et couleurs au fur et à mesure de la conversation. C’est par ce prisme de la rencontre avec l’autre que Christiane Durand peint. Les modèles se théâtralisent, ils parlent, ils se livrent.
L’artiste et le modèle
- Christiane Durand (1948), Autoportrait à l’Ascalaphe
- Série les insectes, Paris 1998-2000, acrylique sur toile et bois, 110x74,5 cm
À même le sol, une palette remplie de couleurs vives, des gros pinceaux dans les mains, Christiane écoute, rêve et à coup de grands gestes dresse un portrait de l’autre et de l’espace qu’il s’est créé. Elle immortalise le moment de la rencontre. Elle fait de cet instant une expérience singulière, un « happening psychothérapique ». La peinture de Christiane, c’est l’histoire des autres, de ses amis d’abord qui défilent dans son atelier depuis le début des années 1980, puis d’inconnus qu’elle choisit. Certains sont rencontrés lors de ses voyages ou croisés par hasard. D’autres, des artistes, des comédiens, des figures gays ou des travestis qui ont traversé la vie de l’artiste et l’ont fascinée pour leur liberté et leur capacité à la métamorphose. Chez Christiane, le réalisme n’a pas sa place. Dans ses peintures, les modèles se transforment, le réel se réorganise et son univers magique se déploie. Dans son œuvre, elle donne une place primordiale aux rêves, à la spiritualité et au mysticisme.
- Christiane Durand (1948), Funny Darthea (Portrait de Darthea Speyer),
- Paris 1997, acrylique sur toile et bois, 39,5x30,5 cm
Les compositions, qui se construisent à travers l’imaginaire de l’artiste à l’écoute de son modèle, créent des scènes oniriques qui confèrent aux œuvres un caractère parfois « surréaliste ». Dans sa peinture, qui souvent s’étend sur l’encadrement, la gestuelle est libre, la couleur est en fête, les lignes sont larges, les courbes viennent envelopper les sujets, les formes s’entremêlent et les éléments fusionnent. L’artiste se plaît à jouer avec les échelles. Dans certaines scènes, parmi les figures humaines, l’artiste crée un environnement aux multiples symboles, des objets, une faune et une flore flamboyantes et imaginaires. C’est une peinture généreuse à la densité picturale particulière qui rappelle certaines peintures de l’allemand Ernst Ludwig Kirchner mais aussi celles de Paul Gauguin. Christiane Durand naît en 1948 à Albi, d’une mère d’origine Lorraine et d’un père originaire du Tarn. En septembre 1969, elle quitte sa ville natale pour Toulouse et étudie l’histoire de l’art à l’Institut d’Art et d’Archéologie de l’Université de Toulouse et le dessin à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Toulouse puis s’installe à Paris en septembre 1972 pour poursuivre ses études à la Sorbonne Université et aux Beaux-Arts de Paris. Sa peinture d’abord non figurative devient au début des années 1980 figurative et explosive de couleurs. Elle consacre sa vie à son œuvre et invente un univers singulier riche de références, qui se nourrit des rencontres et incite aux rêves. Pourtant exposée dans le monde entier et défendue avec passion par la célèbre galeriste américaine Darthea Speyer jusqu’à la fermeture de sa galerie en 2010, l’œuvre de Christiane Durand est restée insuffisamment reconnue. Cet accrochage est l’occasion de remettre en lumière son travail et de présenter certaines de ces œuvres emblématiques.
Texte de l’exposition par Lucas Djaou, commissaire de l’exposition.
- Christiane Durand (1948), Le rêve de la fontaine lumineuse (image d’Arnold Pasquier)
- Série des rêves, Paris 2003, acrylique sur toile et bois, 181,5x108 cm
Galerie Javault - Eva Pritsky
5 rue d’Eupatoria
75020 Ménilmontant
Vernissage Jeudi 27 avril à partir de 18 h 30
jusqu’au 14 mai 2023
galerie ouverte du Jeudi au Dimanche de 14 h à 19 h
et sur rendez-vous
https://galeriejavault.com
Frontispice : Christiane Durand (1948), Philippe, coquillage et haricots (Portrait de Philippe Duboy), série les nourritures terrestres (Les travestissements), Le Brusc 1992- Paris 1993, acrylique.