dimanche 28 mai 2023

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Ekphrasis du tableau The Feast

Note sur une œuvre de Mihael Milunovic

, Jean-Louis Poitevin

Lecture et analyse d’une œuvre ! : The feast de Mihael Milunovic

I Prolégomènes

Dans l’ici et maintenant, il semble n’y avoir d’autre possibilité de se manifester, pour l’imminence d’un destin, qu’à accepter que se retrouvent, sans que personne pourtant n’ait semble-t-il accompli aucun geste, propulsées sur la scène improbable d’un théâtre secret, les figures d’un drame dont le texte aurait été en grande partie occulté ou détruit.

Si la mise en scène ne fait aucun doute, il n’est guère possible de trancher pour déterminer si le suspens dans lequel s’est effectué la glaciation des corps et des gestes est redevable au hasard, à la malveillance d’un dramaturge acariâtre ou à la défaillance d’un rideau de scène n’ayant pu être abaissé ou relevé à temps.

L’intégralité des prolégomènes qui, du théologeion de la scène théâtrale de la Grèce antique à la tabula supportant l’apparition mystérieuse d’un dieu sous les formes du pain et du vin, de l’irradiation au laser de foules indécises permettant au plus lointain de les effleurer encore et encore à l’insémination constante par écrans interposés des cerveaux en quête d’un désenclavement salvateur, ont inscrit la possibilité de la levée du secret dans un face à face sans autre que celui qui s’invite à la table de l’inévitable mise en scène.

Considérer l’instant comme l’oblation nécessaire faite à l’œil de l’incessante cavalcade des photons sur la peau trouée du cosmos est un effet secondaire de l’excavation du ciel par la lenteur des cônes et des bâtonnets à convertir l’orgueil d’une possible reconnaissance en scénario acceptable pour l’estomac.

Si rien jamais ne commence sans avoir déjà commencé, rien ne permet de trancher dans la viande du silence sans la transformer en scénographie mutilée. L’inclusion des motifs incessibles dans la manifestation du possible est la voie royale permettant à l’envers du décor de s’inscrire avec force dans le jeu de cartes destinal comme une évidence partageable.

La levée de l’obstacle de la connaissance préalable de la valeur des jetons de présence nécessaires à l’accomplissement de l’oracle assure à l’immersion du souffle dans le décor une pérennité efficace. Il n’y a pas de suture à masquer qui assurerait le glissement perpétuel du regard vaquant à ses occupations favorites qui sont de céder au désir ses morceaux de choix et d’abandonner à l’arrière-plan, ce royaume du papier peint, les reliques de significations obsolètes. C’est le va-et-vient de la langue avide et de ses alliées les paupières et les pupilles, qui s’en charge.

Affirmer et éviter d’affirmer sont les deux parties des mâchoires par lesquelles une proie, toujours, est saisie avant qu’elle ne s’échappe, validant ainsi le phénomène qui s’en trouve par là même garanti. Mentir ou perdre, il n’y a d’autre échappatoire que vaincre. Encore faut-il se rendre à l’évidence : voir sans être vu reste le paradigme – insu – par lequel le désir s’agrège à lui-même lors du défilé des fantômes. L’occultation de cette tendance indépassable incurve le psychisme jusqu’à lui permettre de prétendre remplacer l’envers du regard. Le reste forme le fer de lance d’avant-gardes toujours en retard d’un retard. La disparition déclarée de la proie du paysage de la réclame permet l’inclusion des cartes du destin dans le décor sans que celui-ci ne s’effondre.

Mihael Milunovic — Feast, 210x140cm oil on canvas 2021 detail

II Chance

L’exception confirmant la règle, le droit de lévitation est proportionnellement accordé à la pesanteur du regard lorsqu’il se porte sur la déclinaison de viandes en diverses catégories, quoique celles-ci ne soient en rien indexées sur les règles qu’imposent des jeux de rôles surannés.

Dire ce que l’on voit ne permet pas à coup sûr de voir ce que l’on dit. Ne pas le dire non plus. La chance a une chance de ne pas être recalée si elle s’expose à l’évidence : ici, quelque chose a lieu qui n’a pas de lieu. Pas de lieu autre que celui évoqué, celui qui permet à ce qui a lieu de n’avoir pour lieu que la chance de sa chance.

Ce qu’il faut donc accepter, désormais, n’est autre que l’évidence que tout est donné, sans reste, dans ce qui a lieu, quelles que soient les circonstances, lancées du plus profond d’un tombeau ou par un éternuement intempestif. Dans tous les cas, elles sont retombées ici et elles doivent se faire à lui, ce lieu, à ça, cette chance qui se donne comme chance d’exécuter un voir sans être vu.

La chance prend la forme désaxée du rêve si l’on évoque ainsi le fait qu’une séquence n’est pas un film mais une succession d’images en quelque sorte indépendantes finissant dans cette succession même par former pour l’esprit qui veille au grain un scénario à peu près acceptable par la police intérieure gouvernée et gouvernant par l’angoisse. La fusion des images en une seule est le moyen de sauter par-dessus les angles morts de l’apocalypse. Ne pas en faire une vérité indépassable est la sauvegarde de l’esprit. La liberté est à ce prix. Mais qui se soumet à cette liberté-là ?

Ainsi, dans l’espace figural de la grande boucherie défilent des éléments disparates accueillis comme une série signifiante. Ce qui y contraint n’est pas une force relevant de la conscience, car il faudrait pour cela que la conscience soit maîtresse d’elle-même.

Défilent sur cette scène, donc, de gauche à droite, des femmes dont il faut invariablement se demander si elles ont répondu une à une à l’appel prenant position sans y être conviées ou si elles apparaissent conformément au déroulé d’un défilé de mode. La présence de crochets de boucher vides nous incite à voir, dans la succession des éléments qui de la droite de la table à la gauche et inversement, forment une frise digne d’un temple grec recomposé dont la logique répond à un dessein visant à l’immortalité.

Viande crue, corps féminins, viande cuite, corps supposé habillé au masculin, exhibant en guise de visage une tête d’au-delà de l’énigme digne d’une beauté sans nom grisaillant jusqu’à l’outrage fait à la beauté même, chaque élément a sans doute été décroché du rail sans que n’apparaisse sur lui de stigmates sanguinolents.

Il est inévitable aussi d’envisager que, vue à l’aune d’un miroir mental infini, la scène se déroule dans l’autre sens, faisant du quartier de viande la forme charnellement heureuse du devenir.

S’il est impossible de faire fi de l’arrière-plan, c’est que le gris du paysage qui y est inscrit convoque ce qui semble justement devoir être révoqué et qui pourtant persiste, le devenir poussière du désir de construire l’objet même du désir et dont la ville est à la fois le reflet et l’incarnation, la manifestation la plus indécente. La quasi-fenêtre donnant sur l’autre partie du monde impose de faire de la scène qui est offerte en arrière-plan, la mesure de celle qui défile en avant plan. Mais rien n’y fait, l’œil ne se repent pas, il s’enroule avec l’avidité de la scolopendre dans la boucle spiralée d’innombrables hésitations favorables.

Mihael Milunovic — Feast, 210x140cm oil on canvas 2021 detail

III À table !

Quelque chose doit avoir lieu qu’aucun geste esquissé par les figurants ne permet d’identifier, sauf à considérer que le rail et les crochets sont les seuls auteurs possibles de ce festin partiellement nu quoique jamais sanguinolent. Mais quelque chose a-t-il lieu au motif qu’il y a, devant nos yeux, un ensemble d’éléments associés figurant le déroulé d’une scène ?

Engoncée dans les rets de l’illusionnisme, cette version fantoche censée légitimer un questionnement indépassé sur la peinture et ses interprétations, c’est-à-dire les peintres et leur acceptation des lois implicites assurant la gouvernance de la reconnaissance et de l’attribution des bons points de la signification, s’épuise d’occulter à coups de pinceaux superfétatoires l’articulation des motifs, sauf à ce qu’ils restent soumis à la loi de l’allégorie.

La jouissance, à s’être laissé indexer sur le régime de la marchandise, a rendu vaine ou presque toute tentative de régler son rythme cardiaque sur autre chose que la satisfaction sans éclat de retrouver un sens ayant été préalablement fixé. Lors de l’examen supposé sensible et sensuel de chaque chose offerte à l’expérience, on ne voit apparaître que des résultats rendus vrais sur le tableau général de la prévarication généralisée. Ce qu’on appelait sens est en état de coma dépassé depuis si longtemps qu’il est difficile de faire face à l’effort en vue de l’accès à d’autres modalités comme à d’autres dimensions du désir et de la jouissance.

Ici, le long de cette chaîne de montage à tendance onirique indexée sur le mystère involontaire d’une révélation possible, ce qui est offert s’exhibe sur et autour d’une table qui du tableau est moins l’allégorie ou la métaphore que l’incarnation. Ici la table « fait » tableau parce que le tableau s’éprouve comme mise en scène de la tabula, ce « lieu » de présentation du possible à même la trame du rêve sous les auspices de la chair et de sa conversion potentielle en quelque chose d’autre.

Car si le regard s’appesantit sur la translation qui va de la chair à l’œuvre et d’une certaine forme de littéralité à une citation culturelle en passant par les excavations faciles d’un travestissement ludique inversé allant de la nudité au corps couvert, quelque chose d’autre advient sur la table. Prolégomènes à une opération non conventionnelle entre les éléments, assiettes, viande, fruit, gâteaux, ce qui s’y passe répond à une autre logique que celle du rail et des crochets bien qu’elle y fasse manifestement parallèlement écho.

Ici, la table, autant dire le tableau, est, une fois encore faudrait-il dire, ou plus exactement à nouveau, « le lieu » d’une opération de type symbolique apparemment « sans objet » mais non sans enjeu. Pour nous parce que sous nos yeux, le système d’échange allégorique à réciprocité nulle imposé par la marchandise est remplacé par une tension énigmatique prenant la forme d’une manifestation paranormale de la relation aux objets dans une situation structurée comme un assemblage d’éléments oniriques. Vides ou pleines, les assiettes sont les acteurs, ou au moins les supports, d’une forme de transsubstantiation.

Mihael Milunovic — Feast, 210x140cm oil on canvas 2021 detail

IV Acosmiques nuées

Enchâssée dans l’omniprésence et l’omnipotence de la conception chrétienne des images, la peinture ne peut échapper à des lois qui la dépassant et, l’englobant néanmoins, la conditionnent. Et parmi ces lois, dominante, il y a celle relative à ce qu’inévitablement met en jeu et en scène toute peinture. Ces éléments sont au nombre de quatre : le grand dehors qu’on a pris l’habitude de nommer paysage, la chair ou si l’on veut la viande, la forme corps et ses déclinaisons infinies en particulier le visage, les objets fabriqués par l’homme, ceux dans lesquels il s’insère comme le vêtement ou le lit et ceux qu’il insère dans le paysage comme la maison et dont la ville est devenue le paradigme indépassable. Ils sont tous là. Sauf un le cinquième, celui dont Baudelaire a chanté maintes fois la louange, « les nuages, les merveilleux nuages ».

Car à bien y regarder, en effet, le ciel est bleu qui émerge de la scène post-apocalyptique d’une ville détruite. Il n’y a là ni manque ni défaut, simplement peut-être le signe que la dimension non dimensionnelle dont le nuage est à la fois la manifestation, l’incarnation, aussi volatile soit-elle, et finalement le symbole, a été comme vaporisée sous la forme d’une invisible nuée à travers tout le tableau. On pourrait taxer les nuages d’être la manifestation visible d’un cosmos bienveillant hanté par des divinités bienveillantes. Sans doute sera-t-il plus incidemment efficace de voir en eux le relais acosmique d’une pensée à jamais hésitant entre l’interdépendance du vrai et de la chair et l’inclinaison à voir dans le néant l’obligation faite à l’esprit de croire qu’il peut s’auto-inséminer.

Bien sûr, entre le monde du dehors, ici manifestement détruit comme l’indique le gris de ruine de l’image qui creuse l’écran du fond de scène, et le monde du dedans où règne la couleur, il ne peut pas ne pas y avoir d’échanges. Quoique manifestement exclu de l’attention des personnages qui lui tournent tournent le dos, comme s’il n’était qu’un décor angoissé par sa déchirante indifférence, le dehors s’incruste dans le monde du transport des visions le long de la chaîne fantasmatique du possible en y faisant rayonner son gris.

Car grise est la tête improbable d’un homme tout aussi reconnaissable qu’improbable humain, grises ses mains exprimant le doute ou l’incompréhension, grise aussi la sculpture qui surplombe en bout de chaîne la scène de la transsubstantiation, posée sur son socle légèrement en retrait de la table. Objet évidemment culturel et manifestation formelle, cette sculpture élancée, femme et oiseau autant que souffle et torsade, joue sur nos capacités de reconnaissance et rejoue à elle seule l’hésitation qui enserre entre ses griffes le secret de l’indécence de l’espérance de voir le beau prétendre pouvoir se défaire de la pesanteur.

Quelque chose tente de se séparer de la chaîne des crochets, desquels, pour parvenir à une destination rêvée, la viande s’est décrochée. Et entre les variations autour des tons carmins de la chair, les verts acides, le bistre de la table et le bleu du ciel, le gris s’impose, lèpre indécidable et pourtant violente puisqu’elle regroupe dans une même tonalité les accents toniques de la destruction et les élans aériens de l’audace presque sensuelle du concept.

Mihael Milunovic — Feast, 210x140cm oil on canvas 2021 detail

V Discontinues continuités

À force d’être nulle part, il faut en venir à penser que les nuages sont partout. Non comme entité, mais comme une vapeur non visible qui aurait été vaporisée, qui sait, par le savant chimiste au nom désormais oublié de Satan Trismégiste. Sans doute n’est-ce pas là l’essentiel dans cette visite qui nous est proposée de la chaîne de montage qui permet d’emboutir et de monter ensemble chair et pensée, image et signification, dehors et dedans, intentions et expressions, conscience indue et associations contraintes, extases insignifiantes et acosmisme efficace.

C’est que la question hante plus encore que bien d’autres quoiqu’elle ne soit que rarement posée. C’est celle relative à la continuité ou à la discontinuité des phénomènes non pas seulement en ce qu’ils sont ou non, perçus, mais en ce qu’ils relèvent ou non, dans leurs manifestations successives quoique emboitées, de la même et unique dimension. Qu’on la nomme dieu ou nature importe peu. Qu’on la nomme peinture ou religion non plus. Car ce que la peinture accomplit, dans son histoire et en tant qu’elle est conçue comme l’atelier général de la fabrication des images, n’est rien d’autre que le miracle de la foi. Il ne faut pas, ici, s’emporter et crier au blasphème inversé ! Croire, c’est accomplir mentalement et psychiquement le vœu que rien n’échappe aux lois de l’intégration des phénomènes dans une continuité qui, quoique fragmentairement perçue, n’en pas moins indéfectible et sans faille.

Et pourtant, incidente et expectative, travaillée dans l’atelier de montage du peintre, l’image ne cesse de venir buter sur le seuil de l’affirmation censée pouvoir être accompagnée d’un certificat de certitude, une certitude selon laquelle rien ne manque à rien de ce qui se touche et que le reste est lié, quoiqu’on en ait, et, plus encore, fusionne en une image une, par la main experte de la pensée subtilement agile du peintre.

Ce que ne cesse d’accomplir la peinture n’est rien d’autre que cela : la concaténation d’éléments discrets valant démonstration de leur appartenance essentielle à la même entité globale indécomposable qu’on appelle selon ses vœux nature ou dieu, monde ou cosmos, attente ou révélation. Et ce qu’elle a à accomplir, elle le peut, fille de l’homme qu’elle est malgré tout, dans le déni ou par la puissance de l’exploration, les yeux autant que possible ouverts sur l’impensable.

Mihael Milunovic — Feast, 210x140cm oil on canvas 2021 detail

VI Les lignes de la peinture

Ainsi, trois lignes s’entrelacent pour établir le registre de l’affirmation et de la question.

L’une s’étire le long de la chaîne où pendent les crochets et dévide ses paquets de viande au gré de variations subtilement a-logiques quoiqu’apparemment répondant à la logique du vivant.

Une autre, droite et néanmoins porteuse de soubresauts énigmatiques est celle de la table. Là s’opère ou s’expose le mystère, car à côté des assiettes, il y les plats sur lesquels repose la viande, jambon, ou rôti, une viande cuite offerte à l’ingestion et pas tout à fait au centre, moment décalé dans l’ordre de la consommation des mets, un double plateau sur lequel sont disposés quelques gâteaux crémeux.

Mais que fait, devant cette table, un homme sans tête et donc sans bouche mais dont la forme ressemble à s’y méprendre à celle des tortillons de crème qui ornent les gâteaux ? Et que font ces trois femmes érotisées par leur totale ou partielle nudité et qui semblent ne pas tant être là pour consommer, que pour assister à une opération indécidable ? Mais toujours une petite faim tenaille.

La troisième ligne est celle du regard que nous portons sur la toile, un regard happé, embarqué dans l’inévitable loi de la perspective qui, ici, vient ouvrir la scène d’enfermement psychique sur un dehors tragiquement nu mais de la nudité de la destruction, ce qui la rend plus étouffante encore.

La ligne a-logique de l’engendrement des corps, la ligne discontinue de la transsubstantiation en cours et la ligne fusionnelle de la pénétration des choses par l’œil de l’esprit, toutes trois déterminent l’émergence d’un incernable « motif dans le tapis », autant dire de l’image au sens de ce qui constitue, pour la peinture, à la fois l’ambition, le secret, la manifestation et le but.

Nous embrassons d’un regard un tableau et fiers de sa puissance dévoilante et absorbante, nous en induisons l’existence d’une continuité sans faille. Pourtant, insatisfaits de ne pas en voir assez de preuves formelles, nous ne cessons d’imaginer que de la chair à l’image et de l’image à la chair quelque chose a lieu qui n’est pas conforme à la continuité et qui suppose un saut, une discontinuité, autant dire l’existence d’une entité hors sol et hors-champ porteuse du tout et non indexée sur les détails.

Ici, le rêve montré est composé de fragments de séquences venant d’autres rêves et la logique des apparences est portée au jour par des forces peut-être contiguës mais pas continues. L’image rassemble des scintillements expansifs que rien ne coordonne qu’elle-même et la peinture, comme geste de penser, les redistribue selon des agencements qui n’ont pour cohérence que celle qu’impose l’idée et l’idéal d’un motif inclus dans un tapis qui se nomme tableau.

La table est seuil, le seuil est ouverture, la ligne est chaîne et trame, le tableau est somme a-théologique que porte un devenir incapable de se saisir autrement que comme image. La peinture s’accomplit lorsqu’elle parvient à mettre en jeu et en scène, dans son propre théologeion, fenêtre avec table ou autre, les sursauts inchoatifs d’une passion qui se découvre insatiable et qui, s’exerçant à nous rappeler les jouissances ambigües de la dévoration, nous incite à renier le scandale de l’irruption incessante sur la scène de la pensée, d’une raison défaillante que soutiennent les bras accueillant d’un corps n’oubliant pas qu’il rêve.

Mihael Milunovic — Feast, 210x140cm oil on canvas 2021 detail

Frontispice : Mihael Milunovic — Feast, 210x140cm oil on canvas 2021