Bas-relief radiographique

Daniel Arasse - Gaetan Viaris

J’ai été heureux de vous rencontrer la semaine dernière car, comme je vous l’ai dit je suivais et j’appréciais votre travail depuis plusieurs années sans en avoir encore parlé avec vous.

Votre pratique photographique m’intéresse particulièrement par le type de transformations que vous faites subir aux œuvres de peinture que vous prenez pour objet et relais de votre création. Non seulement vous développez brillamment la double problématique du détail et de son cadrage mais de légères distorsions, presque des anamorphoses, que provoquent vos angles de vue suscitent des effets d’étrangeté qui mettent en lumière, de façon inattendue, les affects au travail dans les œuvres. En « dérangeant » photographiquement l’ordre de la représentation picturale et la position du spectateur, la décontextualisation des détail donne alors une force originale à ce que la vision frontale d’ensemble ne fait pas percevoir.

Vos photographies plus récentes où vous faites appel à la solarisation me paraissent approfondir cette démarche dans la mesure où l’image obtenue suscite une poétique neuve, fondé sur des effets de matière et de lumière, invente un objet esthétique paradoxal — une sorte de « bas-relief radiographique » dont la réussite plastique est remarquable.

Daniel Arasse - mai 2002