LaRevue - Arts, cultures et sociétés


LaRevue, n°81


Éditorial

« Comprendre », c’est en quelque sorte s’immuniser contre le stimulus formé par la perception du message, c’est adopter la bonne attitude vis-à-vis de la situation nouvelle qu’il nous a révélée ». René Thom (Modèles mathématiques de la morphogenèse, p.173)

Avec ce numéro 81,TK-21 LaRevue poursuit son œuvre de défrichage et de décryptage de certaines strates de notre réalité matérielle et psychique à travers le prisme des images dont la fonction est d’assurer l’interface entre elles. Si imbriquées, si mêlées et pourtant si apparemment distinctes, séparées, qu’elles nous semblent, au point qu’on peut aussi penser qu’elles ne pas font partie de la même réalité que celle qui, palpable, nous entoure, les images ont cette puissance de pénétrer notre psyché et d’affecter jusqu’à notre vision du monde. C’est à explorer ces va-et-vient qu’à TK-21 LaRevue nous nous employons depuis bientôt sept ans.

En consacrant sa Logiconochronie à un photographe iranien, Mehdi Vosoughnia, Jean-Louis Poitevin entend, au-delà de la poursuite du travail de présentation de cette « scène » particulièrement vivace, grâce au soutien de la Silk Road Gallery de Téhéran et de sa directrice Anahita Ghabaian, aussi attirer l’attention sur la fonction rectrice de l’imaginaire dans les constructions mentales qui se conjuguent pour donner à la « réalité » sa consistance.

Pour accompagner la seconde partie de l’entretien que nous a accordé Ralph Gibson lors de son exposition à la galerie Thierry Bigaignon, Jean-Louis Poitevin a écrit un court essai sur la question de la ligne dans les œuvres du grand photographe, sujet qu’il développe lui-même dans l’entretien avant de nous emmener dans un voyage plus personnel encore.

Réalisé par Virginie Rochetti et Martial Verdier, cette première partie de l’entretien avec Zaven Paré, artiste français plasticien et roboticien, nous conduit à remettre en question notre vision déterminée par les arguments « sensationnalistes » auxquels ont recours les grands médias lorsqu’il est question de robot. Plus proche d’une poétique et d’une relation créatrice à l’autre, Zaven Paré nous fait comprendre que c’est plutôt du côté des ratés de la mécanique et de la panne, qu’aujourd’hui, quelque chose de créatif peut naître de notre relation avec ces robots.

TK-21 LaRevue
est heureuse d’accueillir Dominique Moulon. critique d’art et curateur indépendant, récent Docteur en Arts & Sciences de l’Art, Membre de l’Association Internationale des Critiques d’Art (AICA) & de l’Association Internationale des Curateurs en Art Contemporain (IKT), il vient de publier L’art au delà du digital aux éditions Scala sur le quel nous reviendrons bientôt. Pour ce premier texte, il nous rapporte images et idées de la foire Art Brussels qui fête cette année ses cinquante ans en agissant toujours tel un catalyseur. Fidèle à ce qui fait son approche de l’art, Dominique Moulon se tient donc au plus près des œuvres et de la démarche des artistes.

Dominique Moulon a aussi écrit un court texte présentant la grande exposition parisienne qui se tient au Grand Palais, intitulée Artistes & Robots (jusqu’au 9 juillet). L’exposition est particulièrement attentive aux artistes qui font usage, en art, des machines et du code.

TK-21 LaRevue
poursuit son travail de défrichage du travail du regretté Alain Fleig, en se demandant comment restituer la pensée d’un homme, tour à tour artiste, critique, historien d’art, écrivain et collectionneur ? C’est l’enjeu d’une exposition présentée jusqu’au 1er Juillet au Centre d’art de Royan par l’agence Captures et l’artiste Gaëtan Léon, un projet qui risque les agencements, des dispositifs démultipliés qui s’apparentent à la vocalise ou à l’art de la fugue et où des lignes se dessinent, glissent entre elles en contrepoint, et se croisent et nous invitant à observer ce qu’il se passe aux intersections.


TK-21 LaRevue
n’entend pas échapper à l’évocation des événements de 1968, mais le fera ce mois-ci comme le suivant, en choisissant à la fois les angles d’approche, les personnes qui en parlent et l’angle d’attaque. Avec ce texte de Bernard Perrine, c’est un retour sur les événements mêmes, leur chronologie et les enjeux dont ils étaient porteurs qu’il est possible d’accomplir, d’autant que ce texte est accompagné de photographies à ce jour inédites.


TK-21 LaRevue
rend hommage dans un même geste à Bachelard et à l’artiste Isabelle Bonté-Hessed2 qui s’est emparée de son ouvrage, La Psychanalyse du feu, pour une performance filmée : chaque soir, soir après soir – jusqu’à épuisement du livre –, une page était lue à la lumière d’une bougie, puis brûlée, puis incluse dans de la paraffine encadrée par un cercle à broder. Le livre d’Isabelle Bonté-Hessed2 est littéralement né des cendres de celui de Gaston Bachelard. Il est édité aux Éditions de l’œil.


TK-21 LaRevue
poursuit son échange avec la revue Corridor Éléphant en présentant le travail plein d’énigme du photographe Antonio Domingues, expression d’une crise existentielle profonde. « Absence de communication, de temps, de sommeil, de plaisir, de chaleur, d’issue, de perspective, perte d’un proche, déracinement, absence de lumière, de rêves… ». Mais la magie de ces images transforme cette vision angoissée en une révélation qui gagne le visible à bas bruit.

Avec Tyché entichée, images, mots, objets, sens affirmé, sens détourné, humour et méditation sur les limites ombragées du langage, nous prenons pied dans l’œuvre de Charles Dreyfuss visible actuellement à la Galerie Lara Vincy. Ses amis ont dressé un portrait de l’artiste en Poète, esthéticien, « critique » d’art, – et en tout hors norme –, en casseur des dogmes les mieux établis et les plus défendus, car « Casse-dogme », est une expression naguère revendiquée par le Grand Jeu qui définit d’ailleurs bien le mouvement Fluxus dont il est à la fois l’acteur et le théoricien.

Fidèle à TK-21, Laetitia Bischoff nous présente quelques pépites qu’elle a su dénicher lors de son séjour à Berlin, un voyage qu’elle nous convie à refaire avec elle à la rencontre des œuvres de Damien Daufresne, d’Ulrike Schmitz, d’Alexander Gehring ou de Luzia Simons.

William Radet revient pour le dernier épisode de la présentation de sa floulosophie. Alors que pour lui la floulosophie constituait presque un art de vivre… la relecture de Musil, une bonne bio et la découverte d’un fameux essai de Jean-Louis Poitevin ont favorisé chez l’auteur la cristallisation d’une idée qui stationnait en silence (comme, répétons-le, il est sage de rester à la lisière de l’ombre pour observer l’ensoleillement) : la création d’un Laboaléatoire de floulosophie.

Alain Coelho poursuit son voyage introspectif, intitulé Images d’Aurore, avec le second chapitre dont le titre nous dit l’essentiel du voyage auquel aujourd’hui il nous invite : Tunis 1958.

Joël Roussiez, lui, poursuit son décryptage d’un chapiteau du Prieuré Notre-Dame de la Daurade, datant de 1150 et se trouvant au Musée des Grands Augustins à Toulouse, avec une approche personnelle de l’histoire de Job.

TK-21 LaRevue
clôt ce numéro 81 avec la quatrième partie du travail de Jean-Louis Poitevin intitulé Images, textes et dispositif de la conscience historique dans l’œuvre de Guy Debord et portant sur les formes de la croyance.


TK-21 LaRevue reprendra les ateliers "TK-21 invite" à la rentrée.


Photo de couverture : Mehdi Vosoughnia

De nombreux problèmes subsistent encore pour des utilisateurs de Safari. Le mal semblant être profondément ancré chez Apple, nous vous conseillons de lire TK-21 sur Firefox ou Opéra par exemple.