« L’explication de la volonté chez les hommes subjectifs conscients reste un problème fondamental pour lequel on n’a pas trouvé de réponse satisfaisante. Mais, chez l’homme bicaméral, c’était ça la volonté. On pourrait le dire autrement en disant que la volonté venait comme une voix sous la forme d’un ordre neurologique, dans lequel l’ordre et l’action n’étaient pas distincts, dans lequel entendre revenait à obéir. »
Julian Jaynes
La naissance de la conscience dans l’effondrement de l’esprit bicaméral.
Fage éditions Collection particulière (2021)
Stan Neumann a accordé un long entretien à TK-21 LaRevue que nous publierons en trois parties. Dans ce premier moment, il évoque sa jeunesse pragoise et son arrivée à Paris. Nous le suivrons jusqu’au moment où il s’engagera dans la carrière qui est la sienne et qui l’a conduit à renouveler de fond en comble la pratique du cinéma dit « documentaire ».
INSISTANTE PERSISTANCE de la CRITIQUE, INSISTANTE PUISSANCE de L’ART
A Copenhague, la rentrée en art se fait avec les foires Chart et Enter. A Linz, l’Ars Electronica est un centre et un festival qui s’étend en divers lieux de la ville autrichienne dont l’université Johannes Kepler et l’Offenes Kulturhaus. Son directeur artistique, Gerfried Stocker, y interroge notre monde numérique pour mieux en comprendre les transformations. L’on y découvre quelques créations articulées autour de la notion de mesure. C’est ainsi que Dominique Moulon nous emmène de Copenhague à Linz et nous permet de découvrir des œuvres qui se situent parmi les plus innovantes de notre époque.
« You don’t have to love capitalism. But you can’t live outside of capitalism. » Voila ce que constate Jaewook Lee. Mais de ce constat, il tente de tirer des voies qui permettront d’échapper à ce piège sans pour autant vivre pauvre en étant artiste. « Just like Dada took a different direction, I have no doubt that there will be artists who resist these emerging digital cultures and create new types of art. »
Comment à la fois rendre compte d’une réflexion au long cours basée sur plus de dix ans d’expériences réalisées aux quatre coins du monde et sur des œuvres aux aspects les plus divers, sinon, en tentant une synthèse qui englobe et permet de déployer un ensemble d’œuvres en le rendant accessible d’un seul coup d’œil ? C’est à cette question brûlante que la vidéo réalisée par l’artiste Laure Molina et le court texte de Jean-Louis Poitevin tentent ici de répondre.
Pedro Alzuru poursuit son questionnement sur les conditions dans lesquelles ce qui se nomme art peut et doit exister. Cette fois il fait de la critique d’art sa cible. « La critique d’art s’adresse autant ou plus qu’aux adeptes et aux distraits, à ceux qui voient l’art sans les instruments des spécialistes mais aussi sans les antipathies des connaisseurs qui ont patiemment dressé leur liste des in et des out ; à ceux qui peuvent penser qu’ils ne le comprennent pas, sans se rendre compte que pour profiter d’une œuvre d’art, l’ouverture et la disponibilité suffisent. » C’est un nouveau chapitre de son livre en cours L’esthétique et ses bords.
« Ecrire à partir de l’écriture d’une psychanalyste, qui parle des œuvres d’un artiste, dont les démarches modèlent en creux l’indicible, d’où émane une inéluctable contingence, laquelle prend à son tour la parole et voilà que je me raconte une autre histoire que celle que j’avais entreprise d’écrire » note d’entrée Natacha Kail. Elle rend compte d’un ouvrage de Dina Germanos Besson intitulé Bernard Moninot art science et psychanalyse paru chez L’Harmattan.
AUX ALENTOURS et AU PLUS PRÈS du CORPS
Inlassablement la question taraude. Inlassablement la réponse ne suffit pas. Inlassablement la danse se fait de plus en plus obsédante qui est censée conduire devant la porte ouvrant sur l’insondable abîme dans lequel, inlassablement, s’enfonce la chance. Jean-Louis Poitevin part à la rencontre des dessins récents de Nicolas Busset et découvre un monde porté à l’incandescence par une souffrance solaire et nocturne.
La plume alerte de Jean-Paul Gavard-Perret vient fouiller avec délices les photographies de Véronique Sablery, Léo Bricard et Léa Kloos. Des êtres rares, des corps fascinés, des ailleurs incarnés, les images qu’il met en mots sont accompagnées d’une réflexion dense sur la photographie, cette pratique qui rend possible le fait que « Passant d’objet à fonction l’œil devenu regard “change de main” ».
« Un vestige, un nu ? Nous sommes face à son dos. Debout, elle semble s’élancer. Olympe et callipyge tout de go, voici quelques lignes au sujet de la dernière sculpture de l’artiste Georges-Emmanuel Arnaud. » De sa plume elle aussi alerte et juste, Laetitia Bischoff met en scène aujourd’hui une méditation qui confine au poème.
Actuellement visible à Paris, cette exposition Vue de dos, nous permet de revenir sur le corps féminin appréhendé par deux peintres, un homme, Alain Vagh-Weimann et une femme, Sophie Sainrapt. Dans ce balancement entre deux types de regards déployant chacun leur sensualité nous parvenons à établir une relation plus juste entre désir et fiction grâce au texte de Véronique Grange-Saphis.
PROMENADES et EXCURSIONS
Avec SANS, Aldo Caredda et Jean-Louis Poitevin ont réalisé une exposition singulière à laquelle huit artistes ont participé : Scott Batty, Faust Cardinali, Aldo Caredda, François Curlet, Adrien Lecuru, Loxias, Mihael Milunovic, Christophe Robe et Hannibal Volkoff. C’est au travers des photos d’Hervé Bernard, que TK-21 LaRevue vous invite à une courte visite de l’exposition.
Yellow & Bees, Martine Mougin continue son exploration du monde des abeilles vu par des artistes en axant ce troisième épisode sur la couleur jaune à la Yellow Cube Gallery et la Galerie Héloïse.
Avec Se souvenir d’un autre espace, la Galerie Hors-Champs propose une exposition de rentrée avec quatre artistes, Gisèle Bonin, Isabelle Bonté-Hessed2, Nathalie Déposé et Lazare Lazarus. Ce voyage aux confins de l’exprimable a été conçu par Hannibal Volkoff qui signe aussi le texte que nous présentons.
Aldo Caredda s’est rendu au Musée Rodin pour y poursuivre son activité secrètement publique, celle de la déposition d’une offrande, une empreinte parlant la langue de l’au-delà de l’énigme aux pieds d’une statue évoquant l’éveil.
Issue d’un travail né pendant le confinement, l’exposition FrenchMasks.SGDG était visible dans la galerie Le Bazar, Hôpital Saint-Jean-de-Dieu à Lyon. Les images sont de Guillaume Dimanche. Il y décline avec l’obstination de qui croit qu’il est possible d’avoir raison contre l’absurdité, des images qui apparemment absurdes elles aussi nous renvoient à nos angoisses incompressibles, celles que réveillent et amplifient cette époque elle aussi absurde.
Dans le cadre de notre partenariat avec Corridor Elephant, nous présentons le travail de Marie-Laure Mallet.Melchior, une capture transfigurée de l’espace et du temps. « La transfiguration s’opère par l’hybridation du montage numérique, de la peinture et de la gravure le plus souvent sur des supports métalliques ». Et ce qui est transfiguré ce sont les objets ou les espaces caractéristiques de notre civilisation urbaine en perpétuelle activité et en constante mutation.
Julie Chovin, plasticienne basée à Berlin, a publié en mars 2021 un livre d’artiste chez Vexer Verlag. Étienne Diemert nous propose un retour sur cet événement éditorial qui condense un projet au long cours, une série d’images portant sur les night-clubs berlinois photographiés aux heures où la nuit se fait jour et où l’absence des corps remplit l’espace.
Christian Globensky poursuit avec TK-21 LaRevue la présentation d’œuvres d’un type nouveau puisqu’il s’agit d’œuvres sonores développant un concept tout à fait original de composition musicale lowtechno, et dans l’univers desquelles « Paradise (le paradis) est synonyme d’Apocalypse now. »
CARTES de PENSÉES
Guillaume Basquin rend hommage à La nuit folle de Jacques Henric qui paraît pour cette rentrée littéraire 2021. Le romancier s’y interroge une fois de plus sur le Mal et se demande comment et pourquoi les hommes (et les femmes) y succombent ? Figure de proue de cette œuvre, le poète blessé Joë Bousquet.
Avec Faire des Dieux, Jean-louis Poitevin initie un nouveau séminaire. Il nous propose une réflexion au long cours qui commence ici par la première moitié du séminaire qu’il a tenu à la Galerie Hors-Champs dans le cadre de l’exposition SANS et qui s’intitulait « Circonstances aggravantes ou la peur de ne pouvoir faire confiance ». Dans ce premier moment il analyse d’une part certains des tableaux composant le retable d’Issenheim, puis quelques passages essentiels du Hamlet de Shakespeare.