dimanche 27 décembre 2020

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Les enfants exceptionnels II

Jean-Francis Fernandès

, Jean-Francis Fernandès et Jean-Louis Poitevin

Jean-Francis Fernandès, a fait la bleu dans toutes les écoles de la République et essaye de faire de la Photographie [sic].

Jean Francis Fernandes s’inscrit dans l’histoire de la photographie française à la fois comme un outsider et comme un maître. Outsider, car connu sans atteindre le seuil de reconnaissance qu’il mérite et maître parce qu’il ne cesse d’affûter son regard et de devenir toujours plus photographe.

Rien n’est donné, rien n’est acquis dans la pratique de la photographie, sinon la précision d’un regard, l’acuité d’un désir, la pertinence d’une rencontre, la pulsation profonde d’une empathie.

C’est cela qui nous est donné à voir dans cet ensemble d’images d’enfants exceptionnels, des enfants autistes photographiées dans les années 70, ici lors d’une visite dans un manège où avec les chevaux ils étaient censés « travailler » leur motricité.

Ce n’est pas l’exercice que cherche à nous montrer Jean Francis Fernandes. Bien plutôt capte-t-il des moments durant lesquels, enfin libres pourrait-on dire, ces enfants existent sans que nous vienne à l’esprit en les voyant qu’il sont, par exemple, autistes. Non, ils sont simplement là, et là de manière si prégnante qu’ils émergent devant nos regards tels des êtres plus vivants que les autres.

Quelque chose fuse de leur attitude qui dénote à la fois une humanité irréductible, une attention à l’invisible non feinte et une indifférence au malheur si puissante qu’ils apparaissent pour ce qu’ils sont véritablement non des héros mais des voyageurs impénitents.

Ces deux enfant, l’un avec cagoule et l’autre tête nue traversent cette journée de liberté en jouant. Ils miment des rôles indéfinis que le chemin rend signifiants tant il incarne celui de la vie quand soudain, surgissant de nulle par un cavalier leur fait face.

Eux, vus de dos, n’y prêtent guère attention. Ils sont absorbés par leur marche, leur jeu, leur claudication éternelle et nous offrent en une image nous propulsant dans l’immédiateté de la compréhension.
Ce que nous comprenons alors ? Rien d’autre que cela : combien chacun de nous est un clown faisant ses adieux au monde à mesure qu’il avance heureux du bonheur de l’instant dans lequel loge, ombre ou brume, le secret de toute existence.