vendredi 28 juin 2019

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Horizons

Notes de Thomas Paquet sur son travail photographique

, Thomas Paquet

Marquée à sa surface par le flux lumineux, l’émulsion photographique donne à voir une image leurrant nos croyances, opérant un passage de l’immatériel vers une épreuve tangible et physique.

« On n’a jamais bien vu le monde si l’on n’a pas rêvé ce que l’on voyait. » écrit Gaston Bachelard dans La poétique de la rêverie

Thomas Paquet, Horizons - Etude couleur #7, courtesy Galerie Thierry Bigaignon

C’est peut-être à la manière d’un peintre que je réalise ces images, résultat à la fois d’une expression libre et de la manipulation de la lumière. 

Projeté sur un écran, la lumière et les couleurs sont d’abord façonnées avant d’être captées sur une émulsion argentique puis reproduites en grand format sur du papier sensible. 

La prise de vue est ici l’acte final qui vient fixer sur un support argentique mes compositions et jeux de couleurs. La volonté de laisser apparente les traces de pinces dans l’émulsion au moment du développement et le filet noir au moment du tirage témoigne de ce procédé photographique traditionnel.

Dans mes images, l’utilisation délibérée du flou contribue à troubler notre vision et nous interroge sur la rencontre entre le visible et l’invisible.

La photographie est ici un jeu de construction, un lieu d’expérience qui s’affranchit du souci d’imiter l’apparence des choses et de reproduire le monde.

Sans rapport d’échelle, le regard se perd devant ces images débarrassées du superflu, le temps est suspendu à la rêverie, laissant la réflexion en flottement devant un univers parfois impalpable et abstrait.

Thomas Paquet, Horizons - Etude NB #10, courtesy Galerie Thierry Bigaignon

Mon travail s’articule autour des notions de l’espace et du temps. Me tenant éloigné de la surabondance d’informations et des excès de vitesse qu’illustre notre monde numérique, j’explore la matière, tranquillement.

J’envisage la photographie comme un art dont on ne peut ignorer la façon. Aussi le film argentique est-il souvent au cœur de mon processus de création. J’ai coutume notamment d’utiliser des techniques argentiques traditionnelles, les impressions au collodion humide ou les cyanotypes.

L’utilisation de procédés anciens mêlés à des technologies contemporaines me permet aussi de confondre nos rapports aux époques et au passage du temps.

En brouillant les frontières entre science et poésie, matérialité et abstraction, objectivité et subjectivité, mes œuvres sont une invitation à dépasser notre représentation de la réalité : mon travail photographique est un jeu de construction pour peindre une expérience sensible du monde.

Thomas Paquet, Horizons #1, courtesy Galerie Thierry Bigaignon

Marquée à sa surface par le flux lumineux, l’émulsion photographique donne à voir une image leurrant nos croyances, opérant un passage de l’immatériel vers une épreuve tangible et physique.

Thomas Paquet, Horizons #3, courtesy Galerie Thierry Bigaignon
Thomas Paquet, Horizons #4, courtesy Galerie Thierry Bigaignon
Thomas Paquet, Horizons #5, courtesy Galerie Thierry Bigaignon

Illustration couverture : Thomas Paquet, Horizons - Etude couleur #1, courtesy Galerie Thierry Bigaignon