mercredi 30 septembre 2020

Accueil > Les rubriques > Appareil > Fred Forest et le prix Marcel Duchamp bis

Fred Forest et le prix Marcel Duchamp bis

, Fred Forest

Le Prix Marcel Duchamp Bis mérite un artiste à la hauteur. Fred Forest est le premier des artistes proposés par le Collectif.

Remise de notre prix, Prix Marcel Duchamp bis, le 19 octobre 2020 à partir de 19h00 dans un le lieu tenu secret jusqu’au dernier moment. Seuls les signataires de la pétition et les journalistes recevront les informations à temps. Notre cérémonie sera diffusée en replay dès 21h00

Perplexité des responsables du Centre Pompidou devant l’initiative de Fred Forest
(Sur la photo de droite à gauche : Bernard Blistène, Alicia Knock, Serge Lasvignes et… Fred Forest)
photo © Sophie Lavaud

Des amis quelque peu naïfs lui ont fait le reproche d’avoir emprunté le nom de Prix Marcel Duchamp, même s’il y ajoute l’adverbe Bis pour singulariser ce nouveau prix. Ils ignorent le précepte de Sun Tzu, l’auteur souvent cité de l’Art de la guerre qui dit : « Si tu veux pénétrer dans la maison de ton très puissant ennemi inutile de faire l’effort de passer par la fenêtre, passe tout simplement par la porte en te coiffant de son chapeau ».

Dans cette nouvelle action, initiée en juin 2020, l’artiste met en œuvre une nouvelle pratique de subversion pour lutter contre les tenants du système tout puissant du marché de l’art contemporain et de son milieu. Selon ses propres méthodes qui privilégient toujours l’intelligence à la violence, il induit dans le rapport de force qu’il instaure avec les Institutions qu’il combat des rapports ambigus. Il prétend quelquefois prendre leur parti dans des positions, des situations et des textes qui ont pour objet premier de feindre leurs méthodes, leurs façons d’être et de penser, pour mieux les acculer finalement dans leurs propres contradictions. Cela par une utilisation créative du langage et de la sémantique, recourant à des figures qu’il emprunte largement et simultanément à la fois à l’absurde total et à une logique rigoureuse. Pratiquant ainsi une sorte de déstabilisation dans les langages convenus, notamment administratifs, pour lesquels le seul glissement d’un mot est susceptible de créer chez les interlocuteurs une profonde perplexité quant au sens ambivalent à attribuer à l’ensemble de la correspondance reçue. La disruption des comportements gestuels peut avoir le même effet au cours d’une conversation avec un fonctionnaire du Ministère de la culture, dont on sait par avance qu’il n’y a rien à en attendre qu’un bla-bla-bla pontifiant.

Fred Forest et Isabelle Bourgeois
photo © Sophie Lavaud

Retournant en quelque sorte d’une façon faussement innocente la dialectique officielle et la soumettant aux effets pervers de leurs propres démonstrations s’instruisant d’une façon systématique dans le contraire de la démonstration qui nous est donnée. Ce travail n’est pas, bien sûr, sans rapports avec l’art dit conceptuel, mais il voudrait pouvoir le caractériser d’une façon plus fine, car il lui semble appartenir à une catégorie différente par certains de ses nombreux aspects relatifs à la communication. Mais aussi par son caractère hybride qui s’applique à emprunter aussi bien au monde de la matérialité qu’à celui du concept pour illustrer son propos. Rompant ainsi clairement avec un art conceptuel des origines, un art américain, un art désincarné, réduit le plus souvent à des épures, des schémas ou des protocoles, à faire réaliser d’ailleurs par d’autres personnes que l’artiste lui-même…

Celui que nous revendiquons, au contraire, est certes un art conceptuel qui selon la formule prêtée à Léonardo da Vinci est mental et engage les ressources de notre tête, mais aussi nos gestes dans toutes leurs fonctions personnelles et sociales. Un art dont l’étendue, loin des aspects strictement visuels de l’art reconnu et identifié comme tel, s’inscrirait dans une catégorie hybride, élargie notamment à la philosophie. Car « mon propos », affirme Fred Forest, « en élaborant une œuvre, n’est jamais d’établir la découverte d’une forme visuelle nouvelle, mais bien plus d’établir un mode de pensée ». Un mode de pensée qui s’ouvre pour ses regardeurs potentiels sur un "champ de conscience" spécifique.

L’artiste d’hier devenant alors de ce fait en quelque sorte un « philosophe » en actes, à part entière. Il aime à rappeler ce que son ami et mentor, Vilem Flusser, lui expliquait de son propre travail, en lui disant : « Tu mets empiriquement en place un décor constitué d’une série de miroirs disposés d’une façon circulaire et longitudinale, puis tu te contentes d’en orienter un, en biseau, selon un angle différent. Toute la perception de l’ensemble de la configuration devient alors subitement autre ! »

photo © Sophie Lavaud

Il ajoutait, « Si j’ai bien compris d’autre part, tu te fais admettre par une lente infiltration dans le paysage hostile, voire ennemi, jusqu’au moment où ceux que tu as investis par le fruit d’une longue patience se trouvent bien obligés de prendre conscience soudain de ta présence parmi eux ! » L’usage des réseaux sociaux lui permet, en effet, par la répétition inlassable de symboles visuels et scripturaux de devenir familier à leurs yeux et, par conséquent un signe « insignifiant » parmi d’autres. La méthode employée par ailleurs lui permettant dans le meilleur des cas d’obtenir l’ascendant par une procédure ludique qui consiste à faire du comme si, et cela sans en avoir aucune légitimité, ni pouvoir réel. Un peu comme quand les enfants jouent au Docteur en imitant ses gestes et que la force de leur imagination rend crédible pour eux finalement leurs prescriptions médicales… Jusqu’au point de non-retour où la fiction se heurte à la réalité contingente pour être réduite finalement à néant, ou au contraire, contre vents et marées, quand l’artiste à force de pugnacité, de ruse et d’imagination, arrache sa rétrospective au Centre Pompidou, où tout était fait pour l’en priver. Que cet exemple serve aux jeunes artistes pour savoir que rien n’est impossible, si le désir de l’obtenir est assez fort pour l’emporter coûte que coûte et que leur travail acharné et obsessionnel dans ce sens s’effectue sans répit 24h/24…

photo © Sophie Lavaud

La stratégie de l’entrisme ou de la substitution d’une chose par une autre est assez claire dans la tactique qu’il a initiée contre le Prix Marcel Duchamp officiel en prenant très exactement le même nom, et simplement en y accolant avec ce Bis, un adjectif composé de trois petites lettres destinées à le dynamiter, et à faire voler en éclats tout ce qu’il porte encore génétiquement d’institutionnel et de compromissions. Indépendamment de son ironie habituelle, il est évident que le décryptage de cette action nécessite en conséquence d’être abordée au second degré pour être comprise pour ce qu’elle est, et surtout plus difficilement encore pour ce qu’elle se veut… L’artiste promet de dévoiler d’autres aspects de sa pratique artistique iconoclaste, il le fera prochainement. Son action étant encore en cours il est à l’heure actuelle bien trop tôt et difficile d’évaluer son potentiel innovant dans le champ des arts plastiques, mais il nous semble en tout cas qu’il apporte des promesses certaines de renouvellement dans la continuité, après celles de Marcel Duchamp, de René Lourau et de l’internationale situationniste.
Enfin, au moment où rien n’est joué encore véritablement à ce jour et où il attend la mise en fonction des médias de grande diffusion devenus bien souvent trop frileux pour la plupart car trop asservis aux pouvoirs en place pour n’être seulement que leur chambre d’écho. Il mise sur la véritable force d’information des réseaux sociaux pour que son action prenne existence et fasse sens. Et attend donc, pour savoir si avec la conjoncture de la Covid-19 le moment est bien choisi, ou s’il faudra encore attendre un peu plus tard, ce qui arrivera immanquablement un jour, même initié par d’autres opérateurs dans un cadre qui aura encore évolué. Il aura fallu à Marcel Duchamp près d’un siècle pour constater une certaine généralisation de son génie, Forest en lui rendant cet hommage se dit pour sa part prêt à attendre le temps qu’il faudra, à la condition que la race des hommes ait perduré entre temps sur terre ? Ce qui n’est nullement évident par les temps qui courent, il nous le faut bien reconnaître. En attendant, avec patience et grande sagesse, il attend que soit validée cette nouvelle pratique artistique qu’il propose avec la mise en œuvre de son Prix Marcel Duchamp bis…

Images du Prix Duchamp

Voir en ligne : https://www.change.org/PourUneNouve...