lundi 26 février 2018

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Étude(s) de chute(s)

, Jérôme Grivel et Michaël Allibert

Cette proposition explore la notion de « chute », de la gamelle en skate-board à l’effondrement du monde.

La chute renvoie au caractère non-définitif des choses.
Elle nous fragilise et rend l’environnement moins rigide, moins évident.
Elle relativise les tentations modernes d’immortalité de nos corps, la permanence de nos structures, la soi-disant évidence de notre environnement connu.

La chute nous rappelle, parfois douloureusement, que rien n’est véritablement prédestiné et que les accidents sont des constantes fondamentales de notre parcours, des anomalies qui brisent la potentielle fixité morbide de nos évidences.

La chute est une sorte d’improvisation structurelle ; elle propose de nouvelles formes (corporelles, architecturales etc.) en révélant les confrontations entre les forces en vigueur et la mécanique de l’objet auquel elles sont appliquées.
Il y a une dimension créatrice dans la chute ; elle est le point de rupture d’un état d’être à un autre, le seuil d’une transformation immanente.
La chute est une frontière, l’état de chute un espace physique et temporel limitrophe entre ce qui est connu et ce qui ne l’est pas encore.
Au moment où elle advient, la chute est révélatrice des tensions, rapports de forces et liens sous-jacents entre les choses.

Étude(s) de chute(s) est constituée de plusieurs pièces autonomes, envisagées comme des objets à part entière et dans le même temps, ce sont aussi les fragments de la partition qui composent la proposition de performance live.

La Performance live (45’)
Elle se construit comme une sorte de roman-photo chorégraphique sur fond de medley nécrophonique. Une série de « planches » se succèdent inventant d’infinis scénarii par l’anachronisme des rencontres provoquées par la superposition des études chorégraphique, plastique et sonore.

Deux axes chorégraphiques se déploient sur le plateau : l’immobilité et la lenteur.
Le motif de l’immobilité est envisagé comme une suspension du mouvement. Il interrompt la narration gestuelle d’une chute, son inéluctabilité. Ce motif est aussi un endroit de connivence chorégraphique avec l’objet sculptural et son intrinsèque inertie.
La lenteur (considérée comme une durée d’exposition au sens photographique du terme) invite à une lecture patiente du geste en mettant à l’épreuve la tentation d’un regard consumériste, avide de rapidité ou de spectaculaire. Elle ouvre des temps introspectifs tout en concrétisant la notion de temps.

Les différentes images que proposent les corps associés aux structures, selon si ceux-ci sont habillés, partiellement dénudés ou intégralement nus, ouvrent de nouveaux champs d’imaginaire. L’étude sonore fonctionne ici comme une insertion populaire en délitement, rendant encore plus trouble et polysémique ce qui est développé au plateau.

La lenteur plastique des corps, l’immobilité chorégraphique, les dénudations et l’environnement sonore font d’Étude(s) de chute(s) – Exposition chorégraphique un paysage flottant à interprétation libre, prétexte à une dramaturgie individuelle.

Étude de chute #1

En plaçant des points d’appuis de manière précise, ces structures maintiennent le corps qui les utilise en « état de chute », fixe, immobile, rigide, en dehors de toute idée spectaculaire.
Les portraits chorégraphiques sont constitués d’un ensemble de mâts métalliques de différentes hauteurs placés précisément sur un socle. Vides, ils constituent une série de sculptures d’autant plus abstraites, géométriques et formelles qu’elles n’en sont concrètes et logiques lorsqu’elles sont « activées » par un corps venant s’y inscrire.

Étude de chute #2
Série de 24 portraits chorégraphiques inspirés d’images de chutes trouvées sur le net. Ces portraits constituent aussi le story-board de la pièce assemblée.

Jérôme Grivel _ Étude de chute #2 from TK-21 on Vimeo.

Étude de chute #3
Cette proposition vidéo est un long mouvement d’effondrement déployé en 20 minutes.

Le mouvement de chute est une succession de transformations.
Spatialement, d’un état stable vertical, le corps sur lequel est appliquée la chute passe par une étape instable constituée de multitudes de diagonales jusqu’à retrouver une stabilité dans l’horizontale finale.
Cette transformation oblige le corps à modifier ses organisations, ses structures.
Ici, la lenteur imposée est un révélateur de la nécessité de l’organisation physique (déverrouillages articulatoires, parfaite gestion musculaire, transferts de poids minimalistes). Le corps décompose le mouvement à l’extrême, déploie une omoplate, propulse la peau, décroche une côte pour atteindre l’objectif final de la stabilité horizontale et immobile.
Le nu, entendu ici comme anatomique, permet de suivre au plus près le parcours de ce long mouvement minimaliste.

 Étude de chute#4
Cette pièce est un paysage sonore où viennent s’échouer les traces de chanteurs populaires défunts, depuis les années 60 jusqu’à nos jours.
Ces mémoires phonographiques se déploient dans un mix morbide, sorte de mausolée sonore de 3 heures au cours duquel les cadavres chantants se heurtent, s’enchevêtrent, se répondent, se répètent pour finir par se désagréger.

Étude(s) de chute(s)#4 - Pièce nécrophonique

Étude(s) de chute(s)
Performance le 27 février à la Collection Lambert, dans le cadre du festival les Hivernales - Avignon
Projection de la vidéo Étude de chute #3 du 22 février au 3 mars.

A venir :
- 29 mars, KLAP Maison pour la danse, Marseille, dans le cadre du festival + de danse
- 23 mai, Montévidéo, Marseille, dans le cadre des Mercredis de Montévidéo.

Conception : Michaël Allibert & Jérôme Grivel // interprétation : Sandra Rivière, Jérôme Grivel & Michaël Allibert // Son : Jacques Schaeller
Production : Association Merci ! - Trucmuche Cie // Coproduction : Ville de Valbonnes, Système Castafiore (Grasse), FJP - Pôle régional de dévellopement culturel (Carros)
Soutiens : Point Éphémère (Paris), L’Entre-Pont (Nice), Région Paca (CBA Création), Département 06, Ville de Nice.
Copyright TCMA
Michaël Allibert - trucmuchecie@gmail.com
Jérôme Grivel - jeromegrivel@hotmail.fr