dimanche 26 avril 2015

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Disparaître dans la joie

(les eaux de la rivière)

, Joël Roussiez

Porté par le courant dans la rivière qui scintille, voguant dans les ondulations des eaux, effleurant les galets lisses qui parfois se déplacent et se heurtent…

Porté par le courant dans la rivière qui scintille, voguant dans les ondulations des eaux, effleurant les galets lisses qui parfois se déplacent et se heurtent, « ploc », je vais où je me défais, les membres s’égrenant et le corps, parcelle après parcelle, se désagrégeant avec bonheur dans les bouillons clairs des cascades. Au petit bonheur du chaos, sans pensée, sans esprit et pourtant entier, là, ici, dans la constance des éparpillements, je jouis des caresses infimes des courants et des palpations douces des algues. Parmi leurs danses balloté, je délaisse les rives pour les élans confus des fluides qui m’entraînent. Et dans le touffu des emportements, je flotte somnolent, assailli par les bulles qui courent sur ma peau et séparent la chair par morceau. Je m’égrène et j’aborde sans barque ma disparition. Écoutez : les eaux me font la guerre et je me réjouis car dans leurs remous chantent ma chair et mes os.