Danser l’image

Hervé BERNARD ; (rvb) on Vimeo.

Dans cet entretien, Harry Gruyaert revient sur divers aspects de sa pratique, sur ses convictions et sur sa posture particulière de photographe ouvert au chaos du monde.
Ainsi, nous allons de l’image manquée qui continue de hanter la mémoire longtemps après et persiste, non réalisée, dans l’arrière monde de l’œil, à l’image manquante, celle qui nous constitue, nous précède et nous suit, inaccessible à jamais et qui est le moteur de toute tentative de saisir, partes extra partes, la réalité qui nous entoure.
La pratique d’Harry Gruyaert tisse ensemble le fil de l’esthétique, celui de l’éthique et celui de la rencontre. Voyageur infatigable, il ne cherche pas tant l’image que ces moments où la disponibilité de son être est telle que le monde peut y prendre place, ordre réel parce que perçu et capté, laissant voir et entendre au-delà des mots combien rendre visible cela, c’est reconduire le regard à la source qui l’emporte toujours au-delà de lui.
Alors en effet, une image peut être considérée comme une noce secrète et pourtant publique entre le flux de la vie et la puissance d’un corps vivant muni de cet appareil magique, d’attirer à lui les choses, les êtres, les situations, et de rendre la vie soudain palpable et sensible. Alors, en effet toute distance abolie, la ferveur de ce gouffre qu’est l’œil se referme sur la nuit du crâne ou l’on peut danser, enfin libre.