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Entretien avec Maurice Mimoun, Corps et identité 1/2
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Le professeur Maurice Mimoun nous a accordé en mars 2016 un long entretien dont nous publions aujourd’hui la première partie.
Il y évoque sa pratique de chirurgien réparateur et esthétique si l’on tient à distinguer entre le fait de soigner des blessés, des brûlés en particulier, et celui de répondre à la demande des personnes de modifier certains aspects de leur visage.
Corps et identité 1/2 from BERNARD Hervé (rvb) on Vimeo.
- Peinture de Martine-Scaravelli
Conférencier, écrivain mais aussi développant une pratique de photographe, Maurice Mimoun tient ici un discours axé sur la personne.
Il part toujours de l’écoute des patients, seule voie permettant de parvenir à une compréhension de ces éléments clés que sont relativement l’identité, la projection de ses désirs et le projet d’une modification volontaire de soi ou plus exactement de l’image de soi.
Le soi, ici, c’est le visage, mais c’est bien encore et toujours par la parole que ce qui est en jeu dans la transformation de son apparence, peut être perçu. Car, l’image de soi n’existe pas en dehors d’un contexte.
À partir de ce constat, Maurice Mimoun a inventé la notion de « corps écran » qui est à entendre dans les deux sens du terme, l’un étant lié à l’idée de projection et l’autre à celle de cache. Dans les deux cas, devant ou derrière, c’est d’image qu’il est question.
Il parvient ainsi au constat que le visage est à la fois structure et résultat d’une métamorphose. La vraie face, celle qui est à la source du fantasme essentiellement chrétien ayant innervé la réflexion sur les images, n’existe pas. L’artiste vidéaste Bill Viola le remarquait de son côté qui déclare « the true image does not exist ».
Ainsi ce fameux corps, le nôtre, celui que l’on s’évertue à dire réel, n’existe pas « en lui-même », mais uniquement par « l’image » que l’on s’en fait. Il est donc toujours le résultat d’une construction mentale et psychique.
Un mystère trouve ici, sinon une explication, du moins la possibilité d’être analysé. Il s’agit de ce désir d’éternité qui anime les humains semble-t-il depuis l’aube des temps.
Comme le remarque le professeur Maurice Mimoun, l’homme est le seul animal qui veut transformer son corps, et il voit dans ce désir impérieux de transformation la manifestation du fantasme, qui hante l’humanité depuis toujours, d’une existence d’une vie après la mort, autrement dit d’une existence éternelle.
Aujourd’hui, ce fantasme est presque une réalité.
En tout cas, modifier notre corps constitue un moment sur cette voie qui conduit certains à croire qu’il est possible de transformer les conditions matérielles de notre mort et de faire de chacun de nous un cyborg potentiel.